Construit par les Espagnols à la fin du 16ème siècle, l’endroit a toutes les allures d’une cité médiévale, et en particulier une formidable muraille de 22 mètres de haut et de 8 mètres de large (!) qui la ceinture et lui a d’ailleurs donné son nom d'"Intra-Muros, entre les murs".
En février 1945, face à l’artillerie lourde, aux obus explosifs et aux bombes d’avions, les dits murs ont perdu beaucoup de leur intérêt mais n’en constituent pas moins un sérieux obstacle pour les assaillants surtout si, comme les fusiliers-marins du contre-amiral Iwabushi, on y ajoute des milliers de "boucliers humains" raflés parmi la population civile prise en otage.
Que faut-il faire pour en déloger les Japonais qui s’y sont retranchés et n’ont aucune intention de se rendre ?
Pour l’État-major américain, il n’est pas question d’employer l’Aviation pour bombarder cette cité historique et les civils qui s'y trouvent mais, d’un autre côté, on ne peut pas non plus envoyer l’Infanterie seule à l’assaut des remparts, car comment annoncer aux soldats américains, et à leurs futures veuves au pays, qu’ils doivent mourir en masse afin d’épargner un paquet de vieilles pierres et des milliers de civils philippins ?
Alors, on se décide pour un compromis boiteux, pour ne pas dire surréaliste : on réunit tous les canons disponibles et, pendant des jours, on martèle les murs et les défenses japonaises, afin de frayer un passage plus facile à l’Infanterie !
Il est bien question de protéger les civils et le patrimoine architectural : débouchant presque à zéro, les obus, et en particulier les 240mm de monstrueux obusiers spécialement amenés sur place, vont transformer Intramuros en un gigantesque amas de gravats, et faire des centaines, et probablement des milliers de morts, aidés il vrai dans leur oeuvre léthale par les Japonais eux-mêmes qui, fidèles à leur habitude, décapitent, éventrent et fusillent les civils à la chaîne, comme si, se sachant eux-mêmes condamnés, leur désir était de ne voir personne leur survivre…
Le 3 mars 1945, lorsque le fracas des armes s’apaise enfin, les GI's sont victorieux et maîtres de la place mais Intramuros, et Manille dans son ensemble, a purement et simplement cessé d’exister.
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