mercredi 8 septembre 2010

2743 - la route de Manille

… bien que capitale des Philippines, Manille n’offre aucun intérêt stratégique particulier, en plus de s’avérer impossible à défendre.

En décembre 1941, MacArthur lui-même avait d’ailleurs refusé d’y livrer bataille, et avait plutôt concentré ses moyens sur la Péninsule de Bataan, à l’Ouest, et sur les ouvrages fortifiés de Fort Drum et, surtout, Corregidor, qui, au Sud de Bataan, barraient l’entrée de la Baie de Manille.

Proclamée ville ouverte, Manille s’était donc offerte aux Japonais, lesquels l’avaient investie sans opposition le 2 janvier 1942. Avec sa jungle et son relief montagneux, Bataan avait en revanche tenu jusqu’au 9 avril tandis que, protégés par leurs multiples épaisseurs de béton armé, Corregidor et Fort Drum ne s’étaient inclinés que le 6 mai suivant.

Trois ans plus tard, et par une des ces étranges ironies dont l’Histoire a le secret, la situation est désormais inversée, et c’est maintenant au tour des Japonais, et en particulier de leur chef, le général Tomoyuki Yamashita, de se trouver confrontés à des choix tout aussi cornéliens afin d’assurer, autant que faire se peut, la défense des Philippines contre l’invasion américaine !

A 60 ans, Yamashita n’est pas un inconnu : homme énergique et capable, c’est lui qui, le 15 février 1942, avec seulement 30 000 hommes de troupe, s’est emparé de Singapour et a fait prisonnier les 130 000 soldats du général britannique Arthur Percival, y gagnant pour l’occasion le surnom de "Tigre de Malaisie".

Muté en Mandchourie, et pour des raisons assez obscures, peu après cet exploit, Yamashita a finalement été sorti de son placard doré le 10 octobre 1944… pour se voir offrir le commandement des forces japonaises aux Philippines dix jours seulement avant le premier débarquement américain à Leyte !

En janvier 1945, la dégradation de la situation sur le terrain, et le débarquement américain dans le Golfe de Lingayen, vont l’inciter à tenir un raisonnement analogue à celui de MacArthur trois ans plus tôt, et donc à renoncer lui aussi à défendre Manille qui, malheureusement pour elle – mais n’anticipons pas – va être immédiatement réinvestie par les 10 000 marins du contre-amiral Sanji Iwabushi

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