... à l'automne 1944, il y a déjà plus de deux ans que les porte-avions ont ravi aux cuirassés le titre de "capital ship" : ce sont eux qui décident de l'issue de la guerre sur mer, et donc eux qu'il convient de détruire en priorité... ou de protéger contre les attaques ennemies.
Aussi, à 16h40, lorsque les appareils de reconnaissance de la Troisième Flotte repèrent enfin les navires d'Ozawa - quatre porte-avions, deux "cuirassés porte-avions", et leur escorte de croiseurs et de destroyers, le sang d'Halsey ne fait qu'un tour : voilà enfin l'occasion d'en finir une bonne fois pour toute avec l'Aéronavale nippone, et en particulier avec le Zuikaku, dernier porte-avions japonais ayant pris part à l'attaque contre Pearl Harbour !
Dans la soirée, Halsey décide donc de foncer au Nord avec tous les moyens dont il dispose... y compris donc avec les cuirassés et croiseurs de cette "Task Force 34" que Nimitz et Kinkaid pensent sagement de faction devant le Détroit de San-Bernardino mais qui, en réalité, n'a jamais été constituée !
Avec cinq porte-avions lourds et cinq légers, six cuirassés, huit croiseurs, et surtout près d'un millier d'avions (!), les forces américaines qui se ruent à présent vers le Nord excèdent de très loin celles des Japonais, mais ce sont pourtant eux qui, dès l'aube du 25 octobre, lancent la première attaque : un peu plus de 70 appareils, que les "Hellcat" américains effacent bientôt du ciel, sans la moindre difficulté.
Dès 08h00, et durant tout le reste de la journée, du 25 octobre c'est ensuite au tour des bombardiers et torpilleurs américains de passer à l'offensive, ce qui leur est d'autant plus facile qu'au total, Ozawa ne dispose plus guère que d'une trentaine d'avions pour assurer la couverture aérienne de ses navires !
Ayant rempli son rôle de chèvre destinée à appâter le loup, Ozawa tente à présent de fuir vers le Nord. Peine perdue : la Bataille du Cap Engano, comme on l'appellera bientôt, devient un massacre de plus, qui voit s'engloutir les porte-avions Chitose, Chiyoda et Zuiho, et le croiseur Tama
Quand le porte-avions Zuikaku chavire à son tour à 14h15, après un dernier Banzaï de l'équipage massé sur le pont, Halsey, dont la Troisième Flotte n'a perdu qu'une poignée d'avions, a toutes les raisons d'être satisfait.
Mais depuis 10h00, il sait pourtant qu'il est tombé dans un piège...
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