
Et c’est en véritable proconsul qu’il prend soin d’arriver en retard et de faire patienter les autres invités de la Conférence, à commencer par le Président Roosevelt lui-même !
Roosevelt, pourtant, ne semble pas lui en tenir rigueur : après avoir poliment écouté les arguments des uns et des autres, il se prête même à la traditionnelle séance de poses sur le pont du USS Baltimore avant que le croiseur, et son illustre invité, ne fassent leurs adieux à MacArthur, Nimitz et leurs suites respectives, et ne mettent le cap sur l’Alaska.
Lors de la Conférence, MacArthur, avait cependant aligné de solides contre-arguments, à commencer par la menace que continueraient de faire peser, sur les arrières des Alliés, les quelque 300 000 soldats japonais présents aux Philippines si on se contentait de les laisser sur place en attendant leur hypothétique reddition : contrairement à Truk ou Rabaul, les Philippines offraient en effet suffisamment de ressources pour que les dits soldats puissent s’y maintenir indéfiniment.

Mais MacArthur avait également, et avec beaucoup de subtilité, fait jouer l’argument moral : celui de la "dette d’honneur" que les Américains auraient contractée vis-à-vis du peuple philippin, à qui ils avaient effectivement promis, en 1934, d’accorder l’Indépendance, au plus tard en 1946.
Farouche adversaire du colonialisme, Roosevelt a sans doute été sensible à ce dernier argument,.. encore que les mauvaises langues ne pourront s’empêcher d’observer que cette "dette" due aux Philippins, et bientôt payée avec le sang des soldats américains, va surtout servir les ambitions personnelles de MacArthur pour l’après-guerre, ou encore que les Philippines se situent dans la Southwest Pacific Area, donc dans la zone dévolue à MacArthur, tandis que Formose se trouve pour sa part dans la Pacific Ocean Area contrôlée par Nimitz…
(1) Formose, aujourd'hui Taïwan, était colonie japonaise depuis 1895
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