... après avoir végété pendant des semaines, "tordu le bras" à pas mal de gens, et volontairement exagéré son nombre de victoires en Chine, Boyington avait fini par réintégrer le Marine Corps, bien moins par patriotisme que par souci d'échapper au sort, et à la paie, d'un modeste valet de parking.
Dans les Salomon, et peut-être pour s'en débarrasser, sa hiérarchie l'avait alors cantonné à de simples tâches administratives, dont il était finalement parvenu à se sortir en faisant jouer ses relations, et - déjà - les médias.
A force d'intrigues, il était enfin devenu commandant d'un escadron de chasse, le VMF-214 "Swashbuckler", et l'avait remanié à sa guise pour en faire celui des "Black Sheep" - les "Moutons noirs" - ce qui cadrait finalement fort bien avec sa propre personnalité.
Il n'en était pas devenu sobre pour autant mais au moins, parmi ces hommes qui allaient bientôt l'aduler, au moins avait-il trouvé un but et, bientôt, des victoires qui, bien qu'exagérées - ou parce qu'elles étaient exagérées - feraient le bonheur des médias, et lui vaudraient la célébrité.
Après sa disparition au-dessus de Rabaul, le 3 janvier 1944, il accéda au rang de héros national, et finalement de légende vivante lorsqu'il réapparut, bien vivant, à la fin de la guerre.
Mais contrairement à son compatriote Joe Foss, commandant du VMF-121, il n'avait pas ce qu'il fallait pour assurer son avenir dans l'Amérique de l'après-guerre : Foss finirait politicien et Gouverneur, Boyington, lui, replongerait dans l'alcoolisme et une vie médiocre, dont il n'émergerait de temps à autres que pour monnayer des souvenirs de guerre passablement romancés.
Pilote incontestablement doué, bon meneur d'hommes, et ne dédaignant pas prendre des risques personnels, Boyington, à l'instar de tous les pilotes du VMF-214, n'était ni un surhomme, ni même un homme motivé par la guerre.
La guerre s'était contentée de le révéler, et il en avait profité jusqu'à ce qu'elle l'abandonne...
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