mercredi 28 juillet 2010

2701 - au bon endroit, au bon moment, et le plus longtemps possible

… c’est la qualité du pilote, et de son matériel, qui faisait la différence entre le succès et l’échec, entre le chasseur et la proie; mais c’est le temps passé au Front, et le nombre d’avions ennemis dans le ciel, qui déterminaient le nombre de victoires accessibles aux uns et aux autres.

Bien que caricatural, l’exemple des "nouveaux Black Sheep" est finalement le meilleur pour illustrer l’importance de se trouver au bon endroit, au bon moment, et le plus longtemps possible.

Sur le papier, cette troisième incarnation du VMF-214 était pourtant la mieux placée pour se constituer un solide palmarès : contrairement à leurs prédécesseurs, les pilotes avaient en effet eu tout le temps nécessaire – quasiment un an ! – pour se former, et ils disposaient, avec les dernières versions du "Corsair", d’avions non seulement performants mais cette fois à peu près fiables.


Mais quand ces jeunes-gens étaient enfin partis au Front, la guerre aérienne dans le Pacifique avait radicalement changé : le Japon n’avait plus l’essence, ni les pilotes qualifiés, pour continuer à lancer ses avions dans des combats aériens, et se contentait donc de les utiliser comme engins-suicide à usage unique.

Autrefois peu nombreux, les pilotes alliés étaient à présent surabondants : à lui seul, le Marine Corps était passé de quelques centaines de pilotes en 1941 à plus de 10 000 quatre ans plus tard !

Plus de chasseurs et moins de proies signifiaient forcément beaucoup moins de victoires possibles… et d’autant moins que la mission principale des "nouveaux Black Sheep", et de l'Aviation alliée dans son ensemble, était désormais l’attaque au sol, et non plus l’interception.

En embarquant sur le Franklin, en février 1945, beaucoup de ces jeunes pilotes espéraient malgré tout tromper le Destin et se constituer un palmarès digne de leurs glorieux aînés. Mais c’est le Destin qui les avait rattrapé le 19 mars suivant, en incendiant le porte-avions sur lequel ils se trouvaient, ce qui avait précipité leur retour aux États-Unis après seulement une journée de guerre !

Surnuméraires, ces pilotes, qui n’étaient ni meilleurs ni pires que les autres, et que leurs adversaires, y étaient ensuite demeurés jusqu’à la fin du conflit sans jamais avoir pu - et pour cause ! – abattre le moindre avion japonais.

Ils n’avaient jamais connu la Gloire et les Honneurs : ils n’avaient fait que leur devoir.

Mais ce n'était pas suffisant...

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