mardi 27 juillet 2010

2700 - des adversaires trop souvent absents

... le JG-52 obtint la quasi-totalité de ses quelque 10 000 victoires (!) sur le Front de l'Est, soit contre des adversaires le plus souvent qualitativement inférieurs, mais disposant toujours d'une industrie capable de remplacer les avions détruits à une cadence vertigineuse.

Durant la guerre, l'URSS allait ainsi fabriquer plus de 160 000 avions, qu'elle n'eut aucun mal, en tant que pays continental, à acheminer jusqu'au Front et, en tant que puissance pétrolière, à ravitailler en essence tout au long de la guerre.

A contrario, la production aéronautique japonaise fut deux fois moindre. Et elle fut aussi très difficile à acheminer, à entretenir, et à ravitailler, sur la multitude d'îles et de territoires isolés sur lesquels le Japon entendait maintenir des troupes.

Dit autrement, les pilotes de chasse allemands, et notamment ceux du JG-52, disposèrent toujours, en URSS, d'un véritable "vivier" d'avions soviétiques dans lequel ils pouvaient puiser sans vergogne alors que, dans le Pacifique, les pilotes américains durent constamment composer avec un nombre très réduit d'appareils ennemis : durant ses trois premières semaines au dessus de Bougainville, le VMF-214 n'eut ainsi aucun avion japonais à se mettre sous les canons, et dut attendre de pouvoir opérer au-dessus de Rabaul, à la fin de décembre 1943, pour retrouver quelque 300 avions japonais... à se partager avec quantités d'autres unités de la Navy, du Marine Corps, de l'USAAF, et des alliés australiens et néo-zélandais !

Les statistiques sont à cet égard éloquentes : de mai à décembre 1940, soit en huit mois passés au-dessus de la France puis de la Grande-Bretagne, le JG-52 n'avait ainsi revendiqué que 177 avions français et britanniques, chiffre finalement assez comparable aux 160 avions japonais revendiqués par le VMF-214 entre avril 1943 et janvier 1944 (9 mois)

En revanche, une fois le JG-52 muté à l'Est, son score allait très rapidement se trouver propulsé à des hauteurs vertigineuses : du 21 juin au 7 septembre 1941 (11 semaines), cette unité allait en effet revendiquer 323 victoires... de plus ! Au 3 juin 1942, son compteur atteignait 2 000 avions ennemis abattus, 5 000 fin avril 1943, 9 000 en avril 1944 et 10 000 en septembre !

Le compteur du VMF-214, lui, s'était définitivement arrêté à 160 le 6 janvier 1944, trois jours après que Gregory Boyington ait lui-même disparu du ciel des Salomon et de Papouasie-Nouvelle-Guinée...

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