… 160 victoires théoriques en 32 mois, c’est évidemment fort peu, et même pitoyable si on les compare aux scores de bon nombre d’unités de chasse de la Seconde Guerre mondiale, et en particulier à la fameuse Jagdgeschwader 52 (JG-52) allemande, officiellement créditée de plus de… 10 000 victoires !
Et les chiffres individuels sont encore plus consternants : à l’exception de Boyington, crédité de 22 victoires avec le -214, aucun autre pilote américain n’atteignit ne serait-ce que 10 victoires au sein de cette unité pourtant célèbre alors que, côté allemand, plusieurs dizaines de pilotes du JG/52 allaient allègrement dépasser ce chiffre, à commencer bien sûr par Erich Hartmann (352 victoires), Gerhard Barkhorn (301), Günther Rall (275), ou encore Hermann Graf (212).
Même en considérant le fait que le JG-52 était en réalité une escadre de 100 à 120 chasseurs, et le VMF-214 un escadron de 18 à 30 chasseurs seulement, la différence n’en est pas moins impressionnante,... mais signifie-t-elle pour autant que les pilotes allemands étaient, dans leur ensemble, 30-40-50 fois meilleurs que les pilotes américains? Ou qu’Erich Hartmann était un authentique surhomme, et Gregory Boyington un parfait incapable ?
Trouver une réponse à cette question implique, une fois encore, de bien comprendre les conditions qui rendaient les victoires possibles pour les uns, et impossibles pour les autres.
La première de ces conditions était évidemment la durée de la présence au Front. On ne le répétera jamais assez : plus le pilote, et son unité, volaient souvent, plus il, et elle, avaient de chances de se tailler un palmarès important : Hartmann revendiqua ses 352 victoires en quelque 1 500 missions alors que Boyington n’en réclama que 22 mais en 73 missions seulement, toutes menées entre le 12 septembre 1943 et le 3 janvier 1944.
De même, si le VMF-214 fut créé en juillet 1942, les combats aériens auxquels il prit part (1) ne s’étendirent en réalité que du 7 avril 1943 au 6 janvier 1944, soit sur neuf moins… et même bien moins puisque, mis bout à bout, les deux "tours d’opérations" des "Swashbucklers", puis des "Black Sheep", totalisèrent à peine 26 semaines.
A contrario, le JG-52 fut employé de la Campagne de France (mai 1940) jusqu’à la Capitulation allemande (mai 1945), soit durant cinq ans, et alors que l’ampleur des pertes, mais aussi des engagements contractés par la Luftwaffe sur tous les Fronts, empêcha une mise au repos complète et de longue durée, contraignant l'unité à se battre quasiment du premier au dernier jour, en remplaçant au fur et à mesure les pilotes tués…
(1) La controverse subsiste, aujourd’hui encore, sur la réalité d’un combat aérien qui, le 19 mars 1945, aurait opposé un pilote des "nouveaux Black Sheep" à un appareil japonais, identifié comme celui ayant incendié le porte-avions Franklin
2 commentaires:
petite erreur de légende sur la 2ème photo
Alfred Grislawski est photographié en train de se prélasser non pas sur le front de l'est mais à Wiesbaden-Erbenheim quand il appartenait au JG 50
les avions de cette unité avaient l'empennage intégralement peint en blanc
... "Hartmann revendiqua ses 352 victoires en quelque 1 500 missions alors que Boyington n’en réclama que 22 mais en 73 missions seulement". Si on fait le calcul (théorique) du nombre de victoires par mission, on voit qu'il est de 0,23 pour Hartmann et de 0,3 pour Boyington. Donc, avantage à Boyington. Mais nous savons que les "scores officiels" de ces deux pilotes sont exagérés ... ce qui n'enlève rien à leur mérite.
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