.... en trente-deux mois d'entraînement et de service opérationnel, et sans compter les avions endommagés mais réparables le VMF-214 avait, toutes causes confondues, perdu 70 appareils (53 "Corsair" et 17 "Wildcat")
Plus grave : les deux-tiers des avions perdus l'avaient été dans divers accidents sans lien direct avec les combats, le plus souvent lors de vols d'entraînement ou de convoyage, et s'expliquaient non par les tirs ennemis mais tout simplement par des erreurs de navigation ou de pilotage, des défaillances mécaniques, des terrains d'atterrissage mal préparés ou entretenus, de fort mauvaises conditions météorologiques, ou encore de banales panne d'essence.
On peut toujours objecter que la probabilité d'accidents définitifs était d'autant plus élevée que les avions volaient souvent.
Les accidents furent en effet inexistants lorsque la météo contraignit les "nouveaux Black Sheep" à demeurer au sol pendant deux mois, à l'automne 1944, et reprirent de plus belle à la fin de l'année, lorsque l'obligation de réussir les épreuves d'appontage força le commandement à multiplier les vols d'entraînement - mais dans cette logique, l'unité de chasse la plus sûre du monde est évidemment celle qui ne fait jamais décoller un seul avion !
On peut aussi faire observer qu'aujourd'hui encore, les accidents d'avions ont rarement une cause unique ou clairement identifiable.
Après tout, lorsqu'un "Corsair" du -214 s'écrasait en Californie ou aux îles Hawaï, il était facile d'en déduire que cet écrasement n'était en tout cas pas dû au combat; mais s'il n'existait aucun témoin, comment savoir si un "Corsair" disparu en mer après une mission sur Rabaul avait été abattu par la chasse ou la DCA japonaises... ou avait tout simplement été victime d'une panne moteur ?
Et qui pouvait dire à coup sûr si le "Corsair" qui se désintégrait après avoir apponté sur son porte-avions avait été victime d'une vulgaire erreur d'appréciation du pilote, ou alors de dommages contractés au combat ou mal réparés après le combat précédent ?
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