… c’est un sous-marin japonais – ce point au moins n’est pas contesté – qui avait recueilli Boyington alors qu’il dérivait sur son radeau pneumatique.
Transporté à Rabaul de nuit, puis évacué par avion à Truk, Iwo-Jima et finalement au Japon, Boyington, battu et torturé à plusieurs reprises, allait néanmoins avoir la chance de survivre à vingt mois de captivité et même, plus étonnant encore, d’en sortir en relativement bonne forme physique.
Sa notoriété, y compris chez les Japonais, avait certainement joué un rôle, encore que "Boyington n’a pas voulu l’admettre dans son [livre] Baa Baa Black Sheep, mais il n’a survécu à [la prison d’] Ofuna qu’en parvenant à y dénicher un emploi d’aide aux cuisines, où il a pu rester au chaud, voler de la nourriture, et éviter les gardes" (1)
Dans des centaines et des centaines de camps, durant toute la guerre, des milliers et des milliers de prisonniers avaient fait la même chose que lui : soit tenter de (sur)vivre au mieux, et par tous les moyens possibles.
Mais Boyington est un héros national., pas un prisonnier ordinaire. Et c'est un héros que l’on promène et que l'on acclame à présent dans toutes les villes d’Amérique, tel un monstre de fête foraine.
A son corps défendant, il est même devenu une légende plus grande que nature, et une légende qui, le 5 octobre, va se faire remettre la Médaille d’Honneur du Congrès – plus haute distinction militaire américaine – par nul autre que le Président Truman en personne (2)
Prisonnier d'une image bien trop grande pour lui, Boyington va alors très vite, et sans surprise, retomber sous l’emprise de ses vieux démons : les femmes, les mariages ratés et – surtout - l’alcool…
(1) Gamble, op. cit., page 463
(2) il l’avait déjà reçue, mais en son absence, des mains de Roosevelt, en mars 1944
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