vendredi 16 juillet 2010

2689 - "Ne vous tracassez pas pour moi, vous me retrouverez au bar, à la fin de la guerre"

… le 29 août 1945, une nouvelle sensationnelle bouleverse les États-Unis : le Lieutenant-colonel Gregory Boyington, le chouchou de la Presse et le héros de l’Amérique toute entière; le chef et la véritable âme des "Moutons noirs"; l’as aux 25 victoires qui avait disparu au-dessus de Rabaul un funeste 3 janvier 1944 alors qu’il venait d’en ajouter une 26ème à son palmarès (1); Boyington, donc, est vivant !

Le 12 septembre, à Alameda, devant ses hommes qui, réunis pour la circonstance, lui font un véritable triomphe, "Pappy" vient de tenir sa promesse.

"Ne vous tracassez pas pour moi, vous me retrouverez au bar, à la fin de la guerre", leur avait-il dit aux Salomon, à chaque fois qu'ils s’inquiétaient des risques qu’il n’hésitait pas à prendre et dont il aurait très facilement pu se dispenser.

Et de fait, c’est au détour d’un verre, et bientôt de plusieurs, que "Pappy" va se raconter et livrer les détails de son dernier jour de guerre… et des vingt mois de captivité qui ont suivi.

Mais Boyington ne serait pas Boyington si, au fil des interviews, il ne modifiait pas constamment son récit, l’enjolivant par-ci, le dramatisant par-là.

Le 3 janvier 1944, donc, après avoir abattu sa 26ème victime, Boyington s’était retrouvé à basse altitude en compagnie de son ailier, le Capitaine Ashmun. Poursuivi par une meute de "Zero", il en avait descendu deux avant de succomber sous le nombre.

Vingt-huit victoires au total… et donc – et le détail n’est pas sans importance – deux victoires de plus que le Major Joe Foss, jusque-là "Top Scorer" du Marine Corps. Et deux victoires que personne, eut égard aux circonstances, ne lui contestera, encore que les archives japonaises - du moins celles qui survivront à la guerre – en démontreront l’inexistence.

A en croire Boyington – et il n’y avait personne pour confirmer, ou infirmer, ses dires – c’est en parachute qu’il avait ensuite dû évacuer son "Corsair" en feu, avant d’être mitraillé dans l’eau par les chasseurs japonais qui tenaient manifestement à s’offrir son scalp.

Vraie ou fausse, cette dernière affirmation, et celles qui vont suivre et lui attribuer un nombre sans cesse différent de blessures plus ou moins graves - de la cheville brisée à l’oreille à demi-arrachée en passant par des brûlures aussi nombreuses que variées - contribueront naturellement à accroître sa popularité, et personne, dans les années qui vont suivre, ne sera jamais en mesure de démêler le vrai du faux…

(1) Saviez-vous que.. 2680

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