lundi 28 juin 2010

2671 - le réalisme occidental...

… dans les premières semaines de la guerre du Pacifique, les Japonais ont été en mesure de remporter d'incroyables succès contre les Occidentaux qui, aussi mal préparés que mal équipés, se sont souvent rendus par divisions entières, ou ont retraité sur des centaines voire des milliers de kilomètres, jusqu’aux frontières de l’Inde au Nord, et celles de l’Australie au Sud.

Face à des adversaires qui considèrent la reddition comme l’indignité suprême, capituler n'est sans doute pas la meilleure chose à faire – des dizaines de milliers de prisonniers de guerre vont d’ailleurs très vite l’apprendre à leurs dépens – mais retraiter, aussi peu glorieux cela puisse-t-il sembler sur le moment, offre au moins l’avantage de préserver les hommes et (quoi que dans une moindre mesure) le matériel, en vue de combats futurs.

A la longue, ces "replis stratégiques", également prônés côté allemand par des hommes comme Erich von Manstein, vont d'ailleurs s'avérer bien plus efficaces que la défense jusqu’au-boutiste érigée en vertu cardinale par Hitler, mais aussi par l’État-major japonais dans son ensemble

"Ne pas céder un pouce de terrain", et "combattre jusqu’au dernier homme et la dernière cartouche" satisfait sans doute une Propagande et des chefs militaires avides de Gloire, mais se révèle peu satisfaisant sur le plan militaire,... surtout lorsqu’il faut gaspiller d’énormes moyens aériens ou navals pour permettre aux troupes encerclées de tenir quelques jours ou quelques semaines de plus, dans un combat que chacun sait perdu d'avance.

Fin 1941, encore sous le choc de Pearl Harbour, les Américains n’ont pas voulu courir le risque de perdre un de leurs précieux porte-avions dans la défense de la minuscule île de Wake assiégée : le Saratoga (1) a fait demi-tour et Wake et ses Marines se sont rendus aux Japonais.

C’est en vertu de la même logique que, quelques semaines plus tard, le général Douglas MacArthur a reçu l’ordre de fuir les Philippines, abandonnant les milliers de défenseurs de Corregidor à leur sort… et à une captivité atroce.

Les Japonais, eux, ne raisonnent pas de la même manière…

(1) alors que le Saratoga n’était plus qu’à 780 kms de Wake, l'amiral Fletcher, sur la passerelle du croiseur Astoria, entra d'ailleurs dans une colère noire à la lecture des ordres lui enjoignant de battre en retraite. Sa colère se propagea rapidement à tout l'équipage, frustré de ne pouvoir venger Pearl Harbour. La réaction fut encore pire sur l'Enterprise - qui se trouvait pourtant à 2 000 kms de l’île - où l'amiral William "Bull" Halsey ne se priva pas d'exprimer publiquement sa rage devant "le spectacle de la Flotte du Pacifique en train de battre en retraite sans même avoir tiré un coup de feu".

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