… plus que toute autre, la guerre dans les Salomon est une guerre d’usure, dont l’issue dépend bien moins du courage et du talent individuels des combattants que de la simple logistique.Avions de remplacement, moteurs, hélices, essence, huile, et jusqu’au moindre boulon, tout doit en effet être acheminé depuis la métropole, distante de plusieurs milliers de kilomètres, ce qui ne peut se réaliser que par Mer ou par Air, deux domaines dans lesquels - comme nous l’avons vu (1) – le Japon part battu d’avance.
Et quand bien même disposerait-il des avions et des navires en suffisance, qu’il serait bien à la peine de les décharger…
Contrairement aux Américains qui, avec les Sea Bees, disposent d’unités de Génie spécialisées, dotées de bulldozers et d’énormes moyens mécaniques, les Japonais, pour construire un aérodrome, en sont encore au stade de la pelle et de la pioche, et restent à chaque fois stupéfaits par la rapidité avec laquelle leurs adversaires parviennent à construire une piste sur n’importe quelle île isolée, débutant les travaux dans la foulée du débarquement des troupes, et les achevant à peine quelques jours plus tard.
La situation n’est pas meilleure en matière portuaire : malgré la réputation qui va bientôt devenir la sienne, Rabaul est en effet loin d’offrir les capacités - et la sécurité - de Nouméa et, a fortiori, de Sydney. A Espiritu Santo-même, les Américains sont parvenus à ériger une base aéronavale à l’abri de tout bombardement, et même à la doter d’une énorme cale sèche flottante – l’USS Artisan – acheminée depuis les États-Unis et capable d’accueillir un cuirassé entier !
A contrario, faute d’infrastructures adéquates, ou simplement à l’abri des bombes, les Japonais n’ont le plus souvent d’autre choix que de renvoyer en métropole, pour réparations, tout navire d’une taille supérieure à celle d’un destroyer ce qui, en plus de réduire le potentiel militaire de la Marine impériale, et de l’exposer aux attaques de sous-marins tout au long du parcours, entraîne également d’importantes dépenses de carburant.Au printemps 1944, la pénurie de pétrole incitera d’ailleurs l'État-major à délocaliser la Flotte à Bornéo, donc à proximité immédiate des gisements pétroliers, décision logique en soi mais qui aura néanmoins de graves conséquences sur le plan opérationnel, puisque quasiment rien n'existe sur place pour entretenir et réparer les bâtiments, ni entraîner équipages et aviateurs…
(1) Saviez-vous que… "On ne peut rien contre l’arithmétique"
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