… le 21 octobre 1943, les "Black Sheep", ayant terminé leur "tour d’opérations" de six semaines, peuvent enfin dire adieu à Munda – aux rats, aux moustiques et à la malaria – et regagner Banika puis, au-delà, Guadalcanal, Espiritu Santo et finalement Sydney, où ils débarquent début novembre afin d’y goûter un repos bien mérité. Quel contraste avec le sort réservé à leurs ennemis japonais qui, au même moment, et à de rarissimes exceptions-près, ne peuvent bénéficier ni d’une relève ni du moindre repos, faute de réserves mais aussi en raison de l’impéritie du Commandement qui, dans la grande tradition du Bushido, considére que les soldats, en bons samouraïs, se doivent de supporter stoïquement leur sort, raison pour laquelle l’Armée japonaise dans son ensemble ne s’est pas non plus dotée d’un service médical véritablement digne de ce nom.
Cette logique, mais aussi le climat particulièrement insalubre de la Nouvelle-Guinée et des Salomon, a cependant des effets désastreux sur la condition physique et mentale et, par voie de conséquence, sur la simple efficacité opérationnelle des combattants nippons.Dans l’Armée de terre, où les effectifs sont pléthoriques, et la formation du fantassin limitée à sa plus simple expression, pareille conception peut encore se défendre.
Mais il n'en va pas de même dans l’Aviation, où il faut au contraire de longs mois et énormément de moyens pour former un pilote capable de tenir son rang face à des Américains non seulement plus nombreux mais mieux équipés et bénéficiant de surcroît, s’ils sont abattus, d’un équipement de survie complet et d’un service spécialisé de secours en mer dont le Japon, pour la même raison, n’a pas voulu se doter.
Comme le raconta un pilote japonais après la guerre, "Toutes les campagnes aériennes l’ont démontré, la durée maximale pendant laquelle des aviateurs peuvent être soumis au stress des combats sans prendre le moindre repos excède rarement un mois. J'ai connu des pilotes comme Okumura et Nishizawa à Buin (…) qui résistèrent à la pression des événements, mais il s'agissait vraiment d'hommes exceptionnels"(..) il était complètement déraisonnable de maintenir en première ligne pendant des périodes de deux à trois mois, voire plus, des unités dont le personnel ne pouvait disposer d'aucun repos" (…) "Je suis certain, aujourd'hui, que beaucoup de nos pilotes tombèrent sous les coups de l'ennemi à cause de la fatigue, parce que mentalement et physiquement ils n'étaient pas en pleine possession de leurs moyens" (1)
(1) Fana de l’Aviation H.S. 3, page 94
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