mardi 15 juin 2010

2658 - combien de victoires ?

... sans ciné-mitrailleuses, comment vérifier les revendications des uns et des autres quand les avions s'abîment fort loin de vos propres lignes et quand chacun est davantage préoccupé par son intérêt immédiat que par la réalité historique ?

Le 29 janvier 1942, jour où Boyington revendique deux Ki-27, les "Tigres Volants" dans leur ensemble affirment avoir abattus douze avions japonais, et leurs collègues de la RAF britannique, deux avions de plus, soit quatorze au total, alors que les Japonais ne reconnaissent officiellement la perte que de quatre appareils !

Qui ment ? qui exagère ? qui dit la vérité ? Comment expliquer que les deux seules victoires officiellement attribuées à Boyington l'aient été le 6 février 1942, soit à une date qui ne figure même pas dans les carnets de notes de l'intéressé ? Et faut-il croire les dits carnets, lorsqu'ils mentionnent trois victoires supplémentaires "vers la mi-février", alors qu'il existe une demi-douzaine de rapports et de témoignages différents, qui mentionnent certes des combats le 25 février, mais tous avec des scores différents,...et aucun à porter au crédit de Boyington ?

De toute manière, la parenthèse chinoise va bientôt se refermer. Début mars, alors qu'il s'en revient, avec quatre autres P-40, d'une mission d'escorte, la formation qu'il mène se perd près de la frontière indochinoise et, en panne de carburant, est contrainte d'effectuer un atterrissage forcé. Si les pilotes en sortent indemnes, quatre P-40 sont irrémédiablement détruits sans que les Japonais aient eu à tirer une seule balle !

Le 24 du même mois, Boyington participe à ce qui va s'avérer sa dernière mission de combat au sein des "Tigres Volants" : une opération de strafing contre le terrain japonais de Chiang-Maï (Thaïlande), au terme de laquelle la formation de 6 avions dont il fait partie se voit très officiellement créditée de la destruction de 15 appareils japonais au sol, ce qui correspondrait à 2.5 victoires par personne si Boyington, pour une raison qui demeurera toujours un mystère, ne se voyait finalement payé que 750 dollars, soit pour 1.5 avion seulement !

Qu'importe : dans son esprit, il n'appartient déjà plus à ce qu'il qualifie lui-même "d'opera-comique". En avril, il rompt prématurément son contrat, et prend, par ses propres moyens, le chemin du retour vers les États-Unis...

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