dimanche 13 juin 2010

2656 - un Pappy chez les Tigres

… dans quelques mois, il ralliera tous les suffrages parmi les "Moutons noirs", mais en ce moment, au sein des "Tigres Volants", chez qui il débarque à la fin du mois d’août 1941, Gregory Boyington fait plutôt l’unanimité… contre lui.

Sa réputation de panier percé et de buveur impénitent l’a, il est vrai, précédé. Mais en cette époque où l’Amérique n’est pas encore en guerre et où les pilotes américains sont encore des civils dépourvus de tout respect naturel pour l’âge et la hiérarchie, les "Tigres Volants", dont beaucoup sont dans la jeune vingtaine, se demandent ce que ce "Pappy" - Boyington aura bientôt 29 ans – est venu faire parmi eux.

La prise de contact se passe d’ailleurs on ne peut plus mal : lors de son premier vol d’entraînement, "Pappy" endommage légèrement un Curtiss P-40, s’attirant immédiatement les railleries de ses jeunes camarades.

C’est le début d’une longue suite d’incompréhensions et de rancœurs, que le manque d’action ne fera qu’aggraver : pour tromper son ennui, et à l’exception de quelques vols de routine, "Pappy" passe en effet le plus clair de son temps au sol, c.-à-d. dans son cas entre une bouteille et une (ou plusieurs) femme(s), ce qui ne le rend certes pas plus populaire pour la cause.

Il doit même attendre cinq mois, et plus précisément le 26 janvier 1942 - avant de pouvoir affronter son premier avion japonais, au dessus de Rangoon.

Un affrontement qui manque d’ailleurs de lui coûter la vie : totalement surpris par l’extraordinaire maniabilité du minuscule Nakajima Ki-27 "Nate", Boyington, pourtant lui-même champion de voltige, n’a d’autre choix que de rompre le combat et de ramener tant bien que mal son P-40 troué comme une écumoire.

Cette mésaventure, également vécue – et souvent bien plus tragiquement – par des centaines de pilotes de chasse alliés à la même époque, aura au moins le mérite de porter ses fruits : dans les jours qui vont suivre, "Pappy" va en effet totalement réviser ses tactiques, et ne plus combattre que dans le plan vertical, où la masse du lourd P-40 constitue plutôt un avantage sur les chasseurs japonais beaucoup plus légers.

Grâce à cela, dès le 29 janvier, il va pouvoir revendiquer la destruction de deux "Nate" en combat aérien.

Deux victoires qui vont également sonner le coup d’envoi d’une fort longue, et fort désagréable, polémique..

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