
… à Munda, où les "Swashbucklers" font fréquemment escale, les conditions sont pires que partout ailleurs.
Cela commence par les obus, que les Japonais, qui occupent toujours l’île d’Arundel, distante de seulement quelques kilomètres, font régulièrement pleuvoir sur le terrain.
Cela se poursuit avec Charlie-la-lessiveuse, dont les visites nocturnes, aussi peu efficaces soient-elles sur le plan militaire, n’en prélèvent pas moins un lourd tribut sur les nerfs et les heures de sommeil des pilotes
Les pilotes, justement, n’ont eu d’autre choix que de dresser eux-mêmes leurs tentes à côté du terrain… et à deux pas des amoncèlements d’immondices et de cadavres japonais que personne ne s’est donné la peine d’enlever.
Toutes les conditions sont donc réunies pour une nouvelle épidémie de malaria et de dysenterie qui, une fois encore, va s’avérer bien plus invalidante que les balles japonaises.Si les affrontements continuent de faire rage dans les Salomon, les combats aériens – n’en déplaise aux films et séries télévisées – sont cependant fort loin d’être quotidiens.
Dès le mois d’août, et en plus de leurs traditionnelles missions d’escorte, les pilotes vont d’ailleurs se lancer dans une nouvelle activité appelée à un grand avenir : le straffing, c.-à-d. l’attaque au sol, qui s’effectue encore à la mitrailleuse mais se pratiquera bientôt à la bombe et, surtout, à la roquette, à mesure que les "Corsair", désormais maîtres du ciel, délaisseront l’escorte et l’interception pure au profit des missions de chasse-bombardement.Le 28 août, lors d’un straffing sur Kahili, Alvin Jensen, va d’ailleurs revendiquer la bagatelle de 24 avions japonais détruits au sol (!)
Un exploit contesté par les historiens, mais qui lui vaudra la Navy Cross, et un exploit hélas entaché par la perte d’un autre pilote du -214, Charlie Lamphier, qui, capturé par les Japonais, sera expédié à Rabaul, où il mourra neuf mois plus tard, après avoir enduré des souffrances indescriptibles (1)Le 1er septembre, l’escadron tout entier est de retour à Banika, pour une photo de famille qui marque la fin de leur deuxième "tour d’opération" : le lendemain, un avion de transport va les conduire à Guadalcanal, puis à Espiritu Santo.
Ils l’ignorent encore, mais cette photo de famille sera aussi la dernière des "Swashbucklers"
(1) sur 126 prisonniers alliés internés à Rabaul, 64 furent exécutés par les Japonais, 18 moururent de maladie ou de malnutrition, et une vingtaine d’autres "disparurent" purement et simplement
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