... à lui seul, un raid "moyen" de bombardiers britanniques pouvait engloutir près de 4 000 tonnes d'essence.Or de tels raids étaient menés deux fois par semaine, et ne représentait de toute manière qu'une fraction de toute l'essence consommée par l'ensemble des appareils du Fighter Command, du Bomber Command ou de la Fleet Air Arm britanniques.
Par comparaison, la production allemande d'essence allait passer de 175 000 tonnes en avril 1944, à 55 000 tonnes en juin, 16 000 en août, 7 000 en septembre et à peine… 2 500 en octobre, alors que, pour maintenir un niveau simplement "normal", la seule Luftwaffe, qui n'était jamais qu'une des composantes de l'Armée allemande, avait besoin de 150 000 tonnes par mois !
Disposant d’essence en abondance, le Bomber Command pouvait lancer des raids de plusieurs centaines de bombardiers plusieurs fois par semaine alors que la Luftwaffe, confrontée à une pénurie de plus en plus dramatique, n’eut finalement plus d’autre choix que de clouer au sol les rares bombardiers à sa disposition. Mais le manque d’essence se répercutait aussi sur la formation des pilotes, donc leur niveau : alors que la Grande-Bretagne pouvait entraîner ses apprentis-pilotes à volonté et fort loin des combats (et même les entraîner au Canada), le Reich dut au contraire restreindre le nombre d’heures de vol des siens, lesquels, en 1945, étaient à peine capables de décoller et d’atterrir alors qu’ils disposaient pourtant d’avions incomparablement plus performants que ceux de leurs aînés de 1939.
Et pour faire parvenir ces avions jusqu’aux unités, le Reich dut se résoudre à les démonter et les expédier par caisses, par route ou par chemin de fer – donc sous les bombes ! - alors que la Grande-Bretagne mettait en œuvre des centaines de pilotes de convoyage, hommes et femmes, qui allaient chercher les avions neufs dans les dépôts, et les acheminaient en vol jusqu’au Front…
C'est là, plus que partout ailleurs, que résidait la véritable supériorité de la Royal Air Force et de ses avions...

1 commentaire:
Entièrement d'accord avec la conclusion de ce billet : peu importe si qu'un avion est aussi puissant ou plus puissant que celui de l'adversaire s'il est impossible de le faire voler !
On peut aussi mettre en parallèle la production d'obus de 88 mm qui était en grande partie accaparée par le Flak au détriment de la Panzerwaffe...
La dispersion des moyens engagés par la Luftwaffe puis la destruction des moyens de production du Reich eurent véritablement raison de la Wehrmacht. Fait assez révélateur, certains Panzerschützen se peignèrent plus du manque d'obus et d'essence que des Jabos ou des forces alliées en général sur le Front Normand...
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