… passons maintenant dans le camp allié, et particulièrement dans cette Grande-Bretagne dont on a aujourd’hui coutume de dire qu’elle en constituait le maillon faible.Dans le domaine aéronautique en tout cas, la Grande-Bretagne fit mieux que se défendre.
Peu connus, mais impitoyables, les chiffres ont en effet de quoi surprendre et même stupéfier les admirateurs de la Luftwaffe et autres inconditionnels du "miracle allemand" : en 1940, la Grande-Bretagne produisait déjà davantage d’aéronefs de tous types (15 000) que l’Allemagne nazie (11 000), et à la fin de la guerre, la première en avait construit (*) près de 130 000 au total (**), contre environ 120 000 pour la seconde !
Encore ces chiffres doivent-ils être remis en perspective, ou plus exactement analysés en fonction des matériels réellement fabriqués.Ainsi, avec environ 14 000 Hawker "Hurricane", 20 000 Supermarine "Spitfire", 3 300 Hawker "Typhoon" et 1 700 "Tempest", la production britannique de chasseurs monomoteurs (39 000) fut de 25 % inférieure à celle de l’Allemagne nazie (53 000)
En revanche, dans le domaine des bombardiers les 1 000 à 1 500 Heinkel 177 "quadrimoteurs à deux hélices" ne pesaient pas lourd face aux 2 400 Short "Stirling", 6 200 Handley-Page "Halifax" et 7 400 Avro "Lancaster", soit aux 16 000 "vrais quadrimoteurs" - 10 fois plus ! - sortis des usines britanniques.
Or, en tonnage de cellules ou en heures de travail, la fabrication d’un seul des ces quadrimoteurs représentait cinq à six fois celle d’un monomoteur de chasse, en sorte que la production britannique "réelle" fut en fait de loin supérieure à celle de l’Allemagne nazie !Mais en définitive, ces chiffres témoignaient surtout de l'évolution de la guerre elle-même, avec un futur vaincu contraint de fabriquer de plus en plus de chasseurs (armes défensives) pour essayer de contrer les attaques des bombardiers (armes offensives) construits par le futur vainqueur...
(*) Quelques milliers d’entre eux avaient en réalité été fabriqués au Canada ou en Australie,… mais c’était également le cas d’avions allemands sortis des usines de France ou de Tchécoslovaquie occupée
(**) l'aide américaine y ajouterait environ 33 000 appareils
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