... si, dans une guerre, la quantité prime souvent sur la qualité, le problème des Japonais, c'était de n'avoir, à quelques exceptions-près, ni l'un ni l'autre.De 1935 à 1945, donc en 10 ans, l'Aéronautique japonaise allait ainsi fabriquer quelque 1 000 Mitsubishi G3M, 2 000 Mitsubishi Ki-21, 2 000 Kawasaki Ki-48, 800 Nakajima Ki-49, 2 500 Mitsubishi G4M, 1 100 Yokosuka P1Y-1 et 800 Mitsubishi Ki-67.
Avec un total d'environ 10 000 bimoteurs de bombardement moyen, ce résultat était quatre fois supérieur à la production italienne (2 400) mais deux fois et demi inférieur à la production allemande (27 000)
Avec un total d'environ 10 000 bimoteurs de bombardement moyen, ce résultat était quatre fois supérieur à la production italienne (2 400) mais deux fois et demi inférieur à la production allemande (27 000)
A aéronefs globalement comparables, ce ratio, qui se retrouvait également dans la production des avions de chasse (26 000, contre 6 500 à l'Italie et 53 000 à l'Allemagne), donnait une bonne idée du véritable potentiel industriel du Japon, soit quelque part à mi-chemin entre l'Italie de Mussolini et l'Allemagne d'Hitler.Aussi impressionnants pouvaient-ils sembler, ces chiffres ne voulaient cependant pas dire grand-chose en regard de la disponibilité et des capacités réelles d'un Japon qui, dans les faits, ne put lancer plus d'une centaine de bimoteurs sur un seul et même objectif... que dans la première semaine de la guerre !
Là où chaque raid américain ou britannique allait mobiliser plusieurs centaines, voire un millier de quadrimoteurs à la fois, les raids japonais rassemblaient rarement plus d'une trentaine de bimoteurs en même temps, lesquels ne pouvaient donc causer de gros dommages.Pire encore : conçus et construits selon la même formule minimaliste que les chasseurs, les bombardiers japonais privilégiaient eux aussi l'autonomie et la maniabilité, lesquelles ne pouvaient être obtenues qu'au détriment de l'armement défensif, du blindage, et des réservoirs auto-obturants.
Comme sur les chasseurs, cette formule allait faire illusion au début de la guerre, mais avoir des conséquences dramatiques dès que la chasse nippone ne serait plus en mesure de protéger ces avions qui s'enflammaient tout seuls, souvent dès la première rafale.Comme le résuma le capitaine Kofukuda, "[les bombardiers américains] ne s'enflammaient que très rarement. Ils étaient en outre défendus par de nombreuses mitrailleuses lourdes qui gênaient considérablement nos avions. (...) leur capacité de résistance fut toujours une source d'étonnement pour nos pilotes (...) Nous ne pouvions leur comparer que nos propres G4M-1 qui, eux, s'enflammaient si facilement sous les coups des chasseurs ennemis que nous les avions surnommés "cigares" ou "briquet volants" (1)
Ce triste constat allait naturellement inciter les responsables militaires japonais à réclamer eux aussi les bombardiers lourds auxquels ils avaient pourtant renoncé dans les années 1930.Mais comme en Allemagne et en Italie, cette prise de conscience fut bien trop tardive pour produire autre chose que du vent, ou plus exactement 6 Nakajima G5N1 (dérivé du DC4E américain de transport !), et 4 Nakajima G8N1.
Le projet d'hexamoteur intercontinental Nakajima G10N s'avéra quant à lui incapable de décoller de la planche à dessins...
Le projet d'hexamoteur intercontinental Nakajima G10N s'avéra quant à lui incapable de décoller de la planche à dessins...
(1) ibid, page 84
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