jeudi 29 avril 2010

2611 - poids plume

... simplicité de construction, armement réduit, moteur peu puissant, absence de radio mais aussi de protection pour les réservoirs et le pilote, tout concourait à faire des chasseurs et bombardiers japonais des chefs-d'œuvre de légèreté, et donc de maniabilité comme de rayon d'action.

Archétypes de cette conception minimaliste, le chasseur Nakajima Ki-27, et son équivalent marin Mitsubishi A5M, tous deux mis en service en 1937, pesaient à peine 1 200 kilos à vide, soit 60 et 300 kilos de moins que les biplans Polikarpov I-15 et Gloster "Gladiator" contemporains et... 800 kilos de moins que le monoplan Curtiss P-36 !

Malgré nombre de raffinements modernes, comme un habitacle fermé et un train d'atterrissage enfin escamotable, leurs successeurs désignés, les Nakajima Ki-43 et Mitsubishi A6M "Zéro", entrés en service trois ans plus tard, n'étaient pas franchement plus lourds, avec environ 1 700 kilos sur la bascule, ce qui restait toujours très inférieur aux 2 200 kilos des Spitfire ou Messerschmitt-109, et surtout aux... 2 600 kilos du Grumman "Wildcat", leur principal adversaire américain !

Dès 1937, en Chine, le minimalisme japonais allait littéralement balayer toute opposition. Mais si la légèreté favorisait la maniabilité et le rayon d'action, elle rendait les avions extrêmement fragiles et limitait leurs performances en piqué.

Lorsque les chasseurs américains, à la mi-1942, renoncèrent au combat tournoyant (où leurs adversaires, plus légers, faisaient merveille) au profit du "Hit and Run", l'affaire prit rapidement une tournure fort inquiétante.

Là où le pilote japonais devait toujours manœuvrer puis tirer de longues rafales pour espérer abattre un avion américain, le pilote américain, lui, n'avait besoin que de quelques balles au but pour mettre un avion japonais en flammes, et pouvait rompre ou refuser le combat à tout moment en profitant de son poids et de son gros moteur pour le distancer irrémédiablement en piqué.

Cette tactique, et l'apparition de chasseurs américains plus modernes et plus puissants, comme le Grumman "Hellcat" et le Chance-Vought "Corsair", allaient, dès 1943, propulser les pertes nippones à des niveaux insupportables, et forcer les militaires à exiger de leurs avionneurs qu'ils leur fournissent de nouveaux avions plus lourds, mieux protégés, et plus puissamment armés, c-à-d... les mêmes avions que les Américains.

Mais l'industrie japonaise, qui s'était lancée à corps perdu sur la voie maintenant sans issue de la légèreté, n'en avait pas les moyens...

1 commentaire:

Guillaume a dit...

Je n'avais jamais compris pourquoi le Zéro était passé de l'état de prédateur à proie, maintenant je connais la réponse ! Merci !

Si on ajoute à ça la pénurie de pilotes et de carburant, on a une bonne idée de l'état de l'aviation militaire japonaise probablement dès 1943 !