mardi 6 avril 2010

2585 - l'heure des choix

… début 1943, Hitler, ulcéré par les contre-performances de la Kriegsmarine (1), décida d’expédier ses grands navires de surface à la ferraille, afin d’en récupérer l’acier pour les sous-marins… et les tanks.

Si cette décision fut finalement abrogée, elle n’en révélait pas moins l’ampleur du problème qui se posait à chaque belligérant : l’acier – mais aussi la main d’œuvre - utilisé pour les navires étant finalement le même que celui employé dans les blindés, augmenter la production des uns impliquait nécessairement de diminuer celle des autres.

A moins de disposer des ressources quasiment illimitées des Américains, construire un cuirassé d’environ 50 000 tonnes – donc de la taille des Bismarck, King George V ou North Carolina – revenait grosso modo à se priver de l’équivalant d’un millier de chars lourds, soit, du côté allemand, à une année de production du char Tiger !

Un peu partout, il fallut par conséquent procéder à des arbitrages entre les demandes des uns et des autres

L’Allemagne nazie étant une puissance continentale, dont les perspectives d’expansion passaient par la conquête de l’URSS, autre puissance continentale, il n’y a donc rien de surprenant à ce qu’à l’exception des sous-marins – seuls capables d’assurer un blocus des îles britanniques – l’essentiel de la construction navale allemande ait été mis en sommeil dès l’invasion de la Pologne, en septembre 1939.

Si les cuirassés Bismarck et Tirpitz furent finalement achevés et mis en service, les travaux s’arrêtèrent sur le porte-avions Graf Zeppelin, et l’invraisemblable Plan Z (dix cuirassés, quatre porte-avions, trois croiseurs de bataille et douze croiseurs-cuirassés à mettre en service avant 1945 !) fut purement et simplement jeté aux oubliettes (2), les canons déjà construits étant transférés à l'artillerie côtière.

Une fois ce choix effectué, la production allemande de tanks aurait dû, en toute logique, fracasser des records

Ce ne fut pourtant pas le cas…

(1) avec des effectifs très inférieurs à ceux de la Royal Navy, les grands bâtiments de la Kriegsmarine devaient se contenter de mener des raids ponctuels contre les convois alliés, menés le plus souvent depuis les fjords norvégiens où ils se tenaient tapis
(2) dans l’étrange mélange de rigueur et de gabegie qui caractérisait le Troisième Reich, des ingénieurs et des architectes travaillèrent néanmoins, jusqu’à la fin de 1944, sur des plans de cuirassés allant jusqu’à 60 000 tonnes !

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