
... l'Allemagne et l'URSS hors-jeu, il ne restait plus, d'un côté, que le Japon et l'Italie, et, de l'autre, la Grand-Bretagne et les États-Unis, pour l'emporter sur l'eau.
En terme de tonnage brut, l'affrontement paraissait sans espoir : ni la Marine impériale japonaise, ni la Regia Marina italienne n'avaient en effet les moyens de l'emporter contre la Royal Navy ou l'US Navy ni, a fortiori, contre les deux réunies.
L'une et l'autre disposaient pourtant de quelques avantages, et en particulier de la possibilité de concentrer leurs forces - dans le Pacifique pour la première, en Méditerranée pour la seconde - alors que leurs adversaires, elles, seraient obligées de disperser les leurs sur toutes les mers du globe.A cet égard. avec quatre cuirassés entièrement modernisés, deux autres flambant neufs, et deux autres en achèvement, la Regia Marina possédait tous les moyens nécessaires pour asseoir sa suprématie, et aurait d'ailleurs dû l'emporter... si ses marins avaient été mieux entraînés, si ses chefs avaient fait preuve de davantage de combativité, si le mazout avait été disponible en abondance, et, surtout, si elle avait disposé d'une couverture aérienne - autrement dit de porte-avions - capable de l'accompagner et de la protéger dans tous ses déplacements.
Mais durant les années 1920 et 1930, l'Italie n'avait pas cru bon de s'embarrasser de ces bâtiments aussi complexes que coûteux.Lorsque les succès britanniques lui firent comprendre son erreur, il était trop tard et les chantiers navals italiens, qui avaient consacré toute leur énergie à fabriquer de beaux mais inutiles cuirassés, n'avaient plus les moyens, ni surtout le temps, pour construire des porte-avions à partir d'une feuille blanche.
A l'automne 1941, il fallut donc se résoudre à bricoler et, en l'occurrence, à transformer en porte-avions un navire déjà à flot - le paquebot Roma (rebaptisé Aquila) - dont on rasa les superstructures afin d'y installer un pont d'envol, et que l'on remotorisa entièrement pour qu'il puisse filer 30 noeuds (1).En novembre 1942, face à la dégradation de la situation militaire, une transformation semblable fut entreprise sur l'Augustus (rebaptisé Sparviero), dont on conserva néanmoins les machines d'origine - qui ne donnaient que 18 noeuds - afin de gagner du temps (2).
Hélas pour l'Italie, la Regia Marina, terrassée par les porte-avions britanniques, termina la guerre sans avoir pu elle-même mettre en service un seul navire de ce type...
(1) en septembre 1943, l'Aquila, alors presque terminé, fût surpris à Gênes par l'Armistice. Saisi par les Allemands, puis endommagé par un bombardement allié en juin de l'année suivante, il fut finalement coulé en avril 1945 par un commando de nageurs de combat... italiens. Renfloué après guerre, il fut ferraillé en 1951.
(2) la transformation du Sparviero fut stoppée par l'Armistice bien avant qu'il ne soit achevé.
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