lundi 22 mars 2010

2570 - le faux "miracle allemand"

… confrontés à de constantes pénuries de matières premières, en particulier de métaux précieux, forcés d’enterrer et de disperser leurs installations pour échapper aux bombes, contraints de recourir à une main d’œuvre forcée et souvent concentrationnaire, donc peu productive et n’hésitant pas, malgré les risques encourus, à recourir au sabotage, les industriels allemands n’avaient pas la partie facile, surtout face à leurs rivaux d’outre-Atlantique, lesquels ignoraient jusqu’au sens des mots "rationnement" ou "couvre-feu", et n’avaient donc nul besoin de déployer des trésors d’imagination, ou d’utiliser quantités d’ersatz, pour pallier un manque de chrome, d’aluminium ou encore de pétrole.

Mises sous pression par un Pouvoir politique qui exigeait toujours davantage de canons, de tanks et d’avions, les usines allemandes continuaient donc de faire du neuf avec du démodé : apparu en 1935, le Junkers 87 "Stuka" fut ainsi fabriqué jusqu'en 1944 alors qu'il était irrémédiablement obsolète depuis 1940; entré en service à partir de 1937, le Panzer IV demeura en production jusqu'à la fin de la guerre, non en raison de performances éblouissantes mais tout simplement parce qu'il était bien plus facile à assembler que le Panther ou le Tiger.

Et comme chacun craignait de se voir expédié sur le Front de l'Est pour cause de mauvais bilan productif, on n'hésitait pas non plus à truquer les chiffres, et notamment à comptabiliser comme "neufs" des appareils ou des véhicules revenus en usine pour réparations ou mises à niveau.

Mis bout à bout, tous ces problèmes, que leurs adversaires n’avaient pas à affronter, se répercutaient nécessairement sur la qualité des fabrications. A Koursk, à l’été 1943, la plupart des chars Panther, jetés dans la bataille bien avant d’être au point, allaient ainsi tomber en panne les uns après les autres, certains prenant même feu dès leur descente du train !

Sabotés, victimes de graves défauts de conception ou de mauvais matériaux, des avions se brisaient en plein vol, ou même au roulage tandis que leurs moteurs, alimentés par une essence à trop faible indice d’octane, et poussés bien au-delà du raisonnable, faisaient preuve d'une fiabilité de plus en plus aléatoire, ce qui entraînait d’innombrables accidents et des taux d’indisponibilité records.

Et souvent, la volonté d'aller vite et de "faire des miracles" n'aboutissait en réalité qu'à créer des armements certes séduisants sur le papier mais totalement inaptes au combat et, à l'instar du Messerschitt 163 "Komet", finalement bien plus mortels pour leurs utilisateurs que pour leurs adversaires.

Il n'y avait pas, et il n'y eut jamais, de "miracle allemand".

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