... tout au long de la guerre, et contrairement à son homologue britannique - et a fortiori allemande ou russe - l'administration Roosevelt allait rester tributaire du résultat des élections, que personne n'avait pu, ou voulu, supprimer ou même seulement suspendre pour la durée du conflit.Réélu en 1940, Roosevelt allait donc devoir faire campagne pour la présidentielle de 1944, mais aussi pour les importantes élections de mi-mandat, en 1942.
Et pour conserver le soutien populaire, il ne lui suffirait pas de promettre des lendemains meilleurs, ou de se targuer de victoires militaires lointaines : l'électeur américain exigeait du concret, de l'immédiat, des décisions et une politique qui préserveraient et même amélioreraient son niveau et sa qualité de vie.
Conscients de cela, les industriels américains n'étaient pas du tout enclins à reconvertir leurs usines pour la production de guerre : pourquoi se mettre à fabriquer des tanks Sherman pour l'armée si le consommateur américain, lui, continuait de réclamer des voitures particulières, et conservait le droit d'en acheter ?Comme Washington ne pouvait pas davantage contraindre ses industriels que ses électeurs, la seule manière de voir les Sherman prendre la place des voitures Ford ou Chrysler sur les chaînes de montage était encore de jouer sur la fibre patriotique des uns et des autres.. et de démontrer aux industriels qu'ils gagneraient maintenant davantage à fabriquer des tanks que des voitures.
Contrairement à l'Allemagne, au Japon, ou à l'URSS, on ne pouvait donc pas parler de "guerre totale", mais plutôt d'une sorte de contrat passé entre le gouvernement, les industriels et la population civile.Un contrat qui, même s'il aurait pu l'être davantage, allait s'avérer remarquablement efficace : de 1942 à 1945, la production de guerre américaine allait, avec plus de 270 000 avions, 90 000 tanks, 65 000 navires de débarquement, ou encore 320 000 canons, pulvériser tous les records, au point de représenter, en 1944, le double de ce que fabriquaient l'Allemagne, le Japon et l'Italie réunis...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire