lundi 1 février 2010

2521 - la legion multiethnique

... Organisé à partir du début 1942, le recrutement dans la Turkistanische Legion n'est pas une affaire simple ni facile à comprendre.

En définitive, cette unité de volontaires ô combien multiethniques illustre plutôt les hésitations et volte-faces d'un Troisième Reich qui a désespérément besoin des volontaires de l'Est, mais qui ne parvient à les recruter de manière cohérente, ni surtout à les agencer ensuite en un ensemble militairement efficace.

Constituée en décembre 1941, la Turkistanische Legion va en effet enrôler non seulement des volontaires ouzbeks, kazaks ou turkmènes, mais aussi daghestanais et même tchètchènes, certes musulmans mais pas franchement turcophones.

En mai 1943, histoire de compliquer les choses encore un peu plus, on va leur adjoindre les Arméniens de l'Armenische Legion, les Azéris de l'Azerbajdzansche Legion, les Tatars de la Wolgatatarische Legion, mais aussi des Caucasiens de la Nordkaukasische Legion, des Géorgiens de la Georgische Legion, et même des Reichsdeutsche et Volksdeutsche de la défunte 162ème division d'Infanterie !

Ainsi va naître la "162e (Turkistan) Infanterie-Division", qui compte certes environ 16 000 hommes mais dont la cohésion n'est pas - et c'est le moins qu'on puisse en dire - la qualité première, ce pourquoi on l'expédie à l'Ouest, en France puis en Pologne, afin de s'y entraîner loin des furieux combats du Front de l'Est.

Au printemps 1943, ces étranges volontaires sont finalement envoyés en Italie du Nord et en Slovénie, essentiellement pour y affronter les Partisans, avec des résultats fort mitigés.

En mai 1945, ceux qui n'ont pas été tués, ou qui n'ont pas encore déserté, se rendent aux Britanniques, lesquels les renvoient ensuite en URSS où ils sont aussitôt fusillés ou, pour les plus chanceux, expédiés pour de longues années dans les goulags.

Si ces soldats perdus ne démontrèrent pas grand-chose sur le plan militaire, leur contribution politique, qui constituait pourtant leur raison d'être, cette contribution fut en tout cas clairement nulle : non seulement les musulmans et turcophones d'Union soviétique ne se révoltèrent-ils pas en masse contre Moscou, mais la Turquie elle-même loin de se ranger aux côtés de Berlin, se cantonna sagement dans une neutralité polie dont elle ne sortit que le 23 février 1945... en déclarant - symboliquement - la guerre à l'Allemagne et au Japon !

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