mercredi 27 janvier 2010

2516 -Tchetniks contre Tchetniks

... pour ne rien arranger, Milan Nedic doit également composer avec les Tchetniks, qui offrent l’étrange particularité de soutenir et de combattre à peu près tout le monde.

En tant que nationalistes serbes, les Tchetniks massacrent en effet allègrement les civils croates, et ce afin de répliquer aux Oustachis croates qui en font de même avec les civils serbes.

Mais comme rien n’est jamais simple dans les Balkans, Oustachis et Tchetniks s’entendent au moins sur une chose : la nécessité de massacrer également les civils juifs, tziganes et musulmans... encore qu'on en trouve parfois quelques-uns dans leurs propres rangs.

En tant que mouvement monarchiste, les Tchetniks sont "naturellement" opposés aux Allemands et aux Italiens, lesquels ont démembré le Royaume de Yougoslavie et forcé son souverain à l’exil.

Mais parce qu’ils sont aussi anticommunistes, ils sont tout aussi "naturellement" opposés aux Partisans de Tito...

Pour compliquer encore un peu plus les choses, on trouve aussi bien des Tchetniks fidèles au régime de Milan Nedic que des Tchetniks qui lui sont opposés, des Tchetniks qui aident les allemands et des Tchetniks qui les combattent, ou encore des Tchetniks qui collaborent avec les Italiens mais refusent d’en faire de même avec les Allemands,… tout ce beau monde n’hésitant d’ailleurs pas à intervertir joyeusement leurs rôles au fil des mois et de leur fantaisie du moment !

Dragoljub Mihailovic, le plus célèbre d'entre eux, représente à cet égard l'incarnation-même de la complexité tchetnik.

Ancien colonel de l'armée yougoslave, Mihailovic est un des premiers Serbes à avoir appelé à la résistance contre l'Occupant allemand.

Mais hélas pour lui, Mihailovic n'est pas Tito, et sa Jugoslovenska vojska u otadzbini, ou "Armée yougoslave de la Patrie" est loin de bénéficier du commandement centralisé des Partisans, ou de leur capacité à transcender les clivages ethniques et religieux.

Début 1944, les Alliés occidentaux, incapables d'appréhender pareil chaos, et soucieux de ne pas déplaire à un Joseph Staline qui ne reconnaît quant à lui que les Partisans, les Alliés occidentaux, donc, vont progressivement cesser leur soutien à Mihailovic, et reporter leurs espoirs sur Tito lequel, à la mi-septembre, a par ailleurs l'intelligence de promettre une amnistie qui va entraîner de nombreuses défections chez les Tchetniks mais aussi, comme nous l'avons vu, chez les musulmans des SS Handschar et Skanderberg.

Arrêté en mars 1946 en Bosnie-Herzégovine, où il se cachait depuis la fin de la guerre, Mihailovic sera jugé pour traîtrise, et exécuté en juillet.

Milan Nedic échappera quant à lui au tribunal, mais à pas la mort puisqu'il profitera - selon la version officielle - d'un "moment d'inattention" de ses gardiens pour se défenestrer, en février 1946., non sans avoir eu le temps de voir la Serbie "purgée" de 95 % de ses Juifs, et Belgrade déclarée "Judenrein" - "libérée des Juifs" - en août 1942...

1 commentaire:

omen999 a dit...

je ne sais plus quel auteur a résumé cette situation de la façon suivante :
"dans les balkans, on aime tuer et on sait mourir"