lundi 11 janvier 2010

2500 - les soldats de papier

… si la Légion indienne est une "farce" malgré ses quelque 6 000 hommes, que dire alors du Britische Freikorps et de ses… soixante volontaires britanniques ?

A l’origine de cette affaire qui semble défier toute logique, on trouve un homme, John Amery, fils d’un ministre de Churchill.

Excentrique comme seuls les Anglais savent l’être, ce jeune représentant de la gentry a épousé une prostituée comme pour désobliger sa famille, a fait faillite à plusieurs reprises, a fui son pays pour échapper à la prison, puis a découvert le fascisme allemand grâce au Français Jacques Doriot, avec lequel il a longuement voyagé dans toute l’Europe.

Demeuré en France après l’Armistice de juin 1940, Amery, anticommuniste convaincu, vit d'expédiants pendant deux ans, puis trouve enfin une oreille compatissante en la personne du capitaine Werner Plack, qui l’emmène à Berlin, où il finit par rencontrer Adolf Hitler, lequel l’autorise à rester en Allemagne, et à assurer des émissions de propagande à la radio allemande.

Amery veut cependant davantage, et surtout la création d’une Légion de volontaires britanniques contre le bolchevisme, calquée sur le modèle de la LVF de son ami Doriot. Mais où trouver des volontaires britanniques si ce n’est dans les camps de prisonniers de guerre, où plus de 200 000 d’entre eux croupissent déjà sous la surveillance du Troisième Reich ?

L’idée est d’autant plus folle que l’époque – nous sommes en 1943 et l’Allemagne vient d’être battue à El-Alamein et Stalingrad – ne s’y prête plus. Mais Amery s’entête. Il se fait fort de trouver des centaines, et même des milliers de prisonniers désireux de s’engager dans un "Britische Freikorps" qui s’en ira lutter contre le "Judéo-Bolchevisme".

Las : seule une poignée de Britanniques répondent finalement à l’appel, ce qui vaut à Amery de se voir montrer la porte d’un projet qui, de manière assez incroyable, n’est pas abandonné pour autant, puisqu’il passe alors sous le contrôle complet de la SS, laquelle, après un an d’efforts, parvient finalement à dénicher… une soixantaine de volontaires britanniques désireux de troquer leur uniforme de prisonniers pour celui de la Waffen-SS

Avec soixante hommes seulement, cette unité fantôme est évidemment dépourvue de toute valeur militaire. Mais comme il faut bien occuper les volontaires, ceux-ci sont autorisés à conduire des camions, ou encore à régler la circulation sur les routes allemandes !

Au début 1945, les volontaires sont finalement conduits à Dresde, pour y subir un entraînement militaire que personne n’avait jusque-là jugé utile de leur donner. C’est d’ailleurs à Dresde qu’ils vont subir leurs premières pertes, du fait des bombes britanniques qui réduisent la ville en cendres.

En mars, dans une atmosphère de complète débâcle, seuls huit d’entre eux répondent à l’appel de la SS-Nordland,… laquelle préfère finalement les occuper à creuser des tranchées plutôt qu`à combattre l’Armée rouge. Un mois plus tard, les survivants se rendent aux troupes américaines, sans jamais avoir combattu.

Si la Justice britannique se montrera clémente à l’égard de ces "soldats de papier", elle se montrera en revanche impitoyable à l’égard de John Amery : capturé à Milan dans les derniers jours de la guerre, celui-ci sera jugé à Londres, et pendu en décembre 1945…

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