samedi 2 janvier 2010

2491 - le chant des partisans

… début 1942, la LVF est donc reprise en mains… par les Allemands, lesquels vont s’efforcer de la dépolitiser et de la purger de ses éléments les plus vieux et les plus incompétents, ce qui, en pratique, revient à la débarrasser d’un homme sur deux (!), dont son propre chef, le colonel Labonne, 61 ans, limogé en mars.

Renforcée et reconstituée, cette "nouvelle LVF" compte environ 1 500 hommes qui, au lieu de combattre en première ligne vont désormais se consacrer exclusivement à la lutte contre les partisans à l’arrière du Front, activité certes indispensable – chacun en convient – mais fort peu prestigieuse.

Dans un perpétuel jeu de cache-cache, partisans soviétiques et légionnaires français vont en réalité passer le plus clair de leur temps à s’éviter, ce qui n’arrange pas le moral des seconds, qui supportent de plus en plus mal, l’ennui, l’éloignement et les privations.

S’ils sont sporadiques, les affrontements prennent en revanche une tournure souvent brutale, où la violence des uns déchaîne les représailles des autres, ce qui se traduit en pratique par de fort nombreuses exactions, pillages, exécutions sommaires et autres villages brûlés, qui vont jusqu'à ulcérer les Allemands eux-mêmes !

Dans un rapport de juin 1943, le commandant Simoni dresse ainsi le un mode opératoire de la lutte contre les partisans.

"Ayant pénétré dans un village suspect, convoquer le staroste [maire] Otage a priori. Rassembler la population mâle et femelle et les enfants aussi sous la menace des mitrailleuses. Ne pas hésiter à abattre le staroste s’il semble mentir. Le remplaçant parlera aussitôt". Envers les partisans capturés, il convient "de les pendre uniformément, les femmes comme les hommes" et de "laisser les pendus exprès pendant 24 heures et les enterrer ensuite".

Et Simoni de justifier ces représailles au nom de la saine efficacité militaire. Ayant incendié deux villages russes après avoir fait fusiller "tous les hommes", et reconnu que "dans le feu de l’action", les légionnaires "indisciplinés par essence et d’ailleurs pour la plupart d’entre eux extrêmement impulsifs" avaient également "abattu des femmes et des enfants", Simoni de constater fièrement que "L’impression laissée (…) fut telle que, durant deux mois, il n’y eut aucune incursion" (1)

Mais si la Légion a désormais totalement changé de cap, certains, en France, veulent pourtant lui faire reprendre sa direction d’origine…

(1) Ibid, pages 165-166

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