jeudi 31 décembre 2009

2489 - Français ou Allemands ?

… le 4 septembre 1941, peu après 06h00, le train des premiers volontaires de la LVF, menés par Jacques Doriot, quitte enfin Versailles pour la Pologne.

Quelque 800 hommes au total, ce qui n’est guère, et pas davantage que la Légion Wallonie, partie près d’un mois auparavant. Suite à l’attentat manqué contre Laval, ce départ s’est également effectué presque à la sauvette, au grand dam des légionnaires, qui s’attendaient à mieux : ne s'en vont-ils pas "sauver l’Europe du péril bolchevique" ?

Mais ce n’est encore rien par rapport au fait de devoir bientôt endosser un uniforme allemand. Même assorti d’une petite cocarde tricolore, on est loin de l’uniforme français qui leur avait été promis.

Leurs chefs, Doriot en tête, avaient bien tenté de négocier. Mais les Allemands, invoquant un "Droit de la Guerre" qu’ils n’appliquaient pas eux-mêmes en URSS, et que les Russes n’avaient par ailleurs jamais ratifié (1), les Allemands, donc, étaient demeurés intraitables.

Pour ces volontaires, dont beaucoup se revendiquent sincèrement de la "Vraie France", revêtir l’uniforme d’une armée étrangère et qui occupe encore le territoire national, représente un véritable déchirement, que l'obligatoire prestation personnelle de serment de "fidélité et obéissance à Adolf Hitler" (2), le 5 octobre, ne fait qu’aggraver.

A qui se raccrocher si ce n’est à ce "Français par excellence" qu’est le maréchal Pétain ?

Alors, au début novembre, peu avant de monter au Front, le commandant de la LVF, le colonel Roger-Henri Labonne, adresse un message à ce dernier, pour lui rappeler à la fois la fidélité de la Légion à sa personne, mais aussi pour lui demander de reconnaître que la dite Légion et ses hommes combattent bel et bien "Pour la France", et au nom et dans l’intérêt de celle-ci.

Le 5 novembre, Pétain s’exécute. "Vous détenez", dit-il aux légionnaires, "une part de notre Honneur militaire (…) En participant à cette croisade (…) vous contribuez à écarter de nous le péril bolchevique : c’est votre pays que vous protégez ainsi (...)".

Pour beaucoup de Français, pas nécessairement gaullistes, cette déclaration, signée de la main-même du chef de l’État, est un véritable scandale, mais pour la LVF, et les Collaborationnistes, c’est au contraire une reconnaissance officielle (3), qui légitime leur action et renforce leur moral…

(1) L’URSS n’était pas signataire des Conventions de Genève ou de La Haye relatives aux lois de la Guerre et aux traitement des prisonniers de guerre
(2) Dès le mois d’août 1934, le traditionnel serment d’allégeance des militaires allemands à la Nation avait été remplacé par un serment personnel d’allégeance à Adolf Hitler lui-même
(3) Après-guerre, les défenseurs de Pétain affirmeront que la dite déclaration lui aurait été extorquée par la ruse, ou qu’il l’aurait signée sans même la lire, ce qui est plausible si l’on considère l’âge (85 ans) et les fréquents moments "d’absence" du vieux maréchal. Reste que si Pétain s’est par la suite bien gardé de répéter pareille déclaration, il n’a jamais renié non plus celle du 5 novembre…

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