dimanche 13 décembre 2009

2471 - dans l'allégresse

… Bruxelles, 22 juin 1941

En Belgique, comme dans toute l’Europe occupée, l’annonce de l’Invasion de l’URSS a été accueillie chez les Collaborationnistes avec des transports d’allégresse.

Réflexe anticommuniste, bien sûr – Moscou est le Mal incarné – mais aussi parce que chacun espère que l’Allemagne nazie, ne serait-ce que pour compenser ses propres pertes sur le Front de l’Est, fera maintenant appel à eux, leur permettant ainsi d’échapper enfin à l’anonymat, voire même de se tailler une part du plantureux gâteau russe.

Le problème, c’est qu’Hitler est loin d’être sur la même longueur d’ondes...

Le Führer n’est en effet pas partageur – c’est là son moindre défaut – mais il est surtout tellement convaincu de l’emporter facilement et rapidement sur les Soviétiques qu’il ne voit pas ce que pourraient lui apporter ces "légions étrangères" qu’on lui propose de toute part.

Passe encore pour les "Germaniques", comme les Norvégiens… ou les Flamands, qui sont racialement proches des Allemands, donc acceptables. Mais les Français ? les Wallons ?

Hitler n’a que mépris pour les premiers, qui sont piètres combattants – ne les a-t-il pas terrassés en 6 semaines ? – et méfiance envers les seconds, qui ne peuvent que nuire à ses projets d’alliance avec les Flamands, c.-à-d. avec les seuls Belges dignes d’intérêt.

Pour finir, mais pour des raisons plus politiques que pratiques, Hitler va consentir à offrir un (petit) siège aux "Germaniques" et même, suite à l’insistance d’Otto Abetz, le très influent ambassadeur d’Allemagne à Paris, un strapontin aux Français et aux Wallons.

Pour Degrelle et le parti Rex, qui végètent tous deux depuis un an, l’occasion est inespérée et à saisir immédiatement et sans réserve.

Après avoir obtenu l’accord des Allemands, Degrelle annonce, le 6 juillet, la création d’une"légion de volontaires wallons" qui, pour l’essentiel, vont se recruter au sein des Formations de Combat, c.-à-d.… parmi les militants de son propre parti !

Reste que ces mêmes Allemands n’ont aucune intention de confier le commandement opérationnel d’une unité, aussi symbolique soit-elle, à un électron libre comme Degrelle, par ailleurs dépourvu de toute expérience militaire.

C’est donc comme chef politique, mais aussi, et à son grand dam, comme simple soldat, que Degrelle quitte finalement Bruxelles, le 8 août, en compagnie d’une première fournée de quelque 800 volontaires wallons qui, eux aussi, vont bientôt goûter à leur part de déconvenues…

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