vendredi 20 novembre 2009

2448 - un corridor trop loin

… au lendemain de la 1ère G.M., les puissances victorieuses se sont entendues pour offrir à la Pologne reconstituée un accès à la Mer Baltique.

Une intention assurément louable mais qui a aussi pour conséquence de créer un "corridor" séparant physiquement la Prusse orientale de la Poméranie et du reste de l’Allemagne.

A l’extrémité de ce "corridor", qui va rapidement devenir le creuset de toutes les rancœurs et frustrations allemandes, on trouve la "ville libre de Dantzig", presque exclusivement peuplée d’Allemands qui n’ont jamais accepté l’abracadabrant statut que leur ont imposé Paris, Londres et Washington, et qui ne rêvent d'ailleurs que de retourner au Reich.

Ce rêve, certains se sont très tôt appliqués à le concrétiser. Dès mars 1926, alors qu’Hitler vient à peine de revenir aux affaires (1) , Dantzig possède déjà sa première formation de SA, forte de 45 membres.

Dix ans plus tard, alors que la ville, comme le reste de l’Allemagne, est régie par un gouvernement nazi, les SS tiennent le haut du pavé. En juillet 1939, la SS-Heimwehr Danzig dispose ainsi de 1 500 hommes qui vont jouer un rôle, bien que mineur, dans les événements historiques qui vont suivre.

Car Hitler, après avoir récupéré les Volksdeutsche d’Autriche et de Tchécoslovaquie, entend bien en faire de même avec ceux de Dantzig.

Tant qu’à exiger, le Führer réclame également le passage, en territoire polonais, d’une autoroute et d’une ligne de chemin de fer "allemandes" entre la Poméranie et la Prusse orientale ou, si l’on préfère, la création d'un "corridor allemand" à travers le "corridor polonais".

Considérées en dehors de tout contexte, ces deux revendications n’ont en vérité rien d’extravagant.

Dantzig est en effet une ville allemande à 97 %, dont les habitants se sont maintes fois prononcés en faveur d’un retour au Reich. Le "corridor polonais" résulte quant à lui du démantèlement, en 1920, de la Prusse occidentale, c.-à-d. d’un territoire allemand.

Le problème, c’est que la Pologne n’entend rien céder, et que la France et la Grande-Bretagne, alliées de celle-ci, estiment avoir déjà bien trop cédé à Hitler, dont les promesses de "dernière revendication" ressemblent à s’y méprendre à des serments d’ivrogne.

Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes, prétextant une "attaque polonaise" sur la station de radio allemande de Gleiwitz (2), envahissent la Pologne et la ville de Dantzig où, soutenus par les milices locales, ils sont bien évidemment accueillis en héros.

Si l’affaire se déroule sans coup férir, et permet à Hitler de récupérer 400 000 Volksdeutsche supplémentaires, l’Europe, elle, bascule deux jours plus tard dans une nouvelle Guerre…

(1) Condamné à cinq ans en avril 1924, pour sa participation au "putsch de la Brasserie", Hitler était sorti de prison en décembre 1924
(2) Saviez-vous que... no 460

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