vendredi 4 septembre 2009

2371 - " Si nous avons commis une erreur, ce fut sans doute d'avoir mesuré l'usage de notre puissance aérienne auparavant"

... le 15 janvier 1973, tous les bombardements cessent au Nord-Vietnam.

En échange du retrait américain, Hanoï s'engage à laisser aux habitants du Sud le droit de choisir eux-mêmes leur propre destin. Une promesse qui n'engage que ceux qui y croient, c-à-d les Américains, trop heureux de sortir enfin de ce bourbier...

Le 21 janvier, Nguyen Van Thieu, Président de la République du Sud-Vietnam depuis 1967, accepte à son tour de signer les Accords de Paris, non sans avoir au préalable exigé - et obtenu - l'engagement de Nixon de reprendre les bombardements en cas de nouvelle agression nord-vietnamienne.

Fin mars, les derniers prisonniers américains sont libérés à Hanoï. Parmi eux figurent un certain John McCain - futur sénateur de l'Arizona et candidat à la Présidence des États-Unis - lequel vient de passer 5 ans dans les geôles nord-vietnamiennes après que son A-4 eut été abattu au dessus du Nord-Vietnam, en octobre 1967 (1)

Pour les aviateurs, en tout cas, la preuve est faite que 8 mois de bombardements intensifs ont fait davantage que 8 années de guerre larvée,... et aussi que cette guerre aurait pu être gagnée si les politiciens avaient écouté Curtis Lemay qui, en 1965, réclamait déjà pareilles pareilles frappes.

Les politiciens, au fond, ne sont pas loin de partager cette analyse. "Avant [Linebaker II] déclarera ainsi l'ambassadeur George H Aldrich, les Nord-Vietnamiens étaient intransigeants, gagnant du temps et refusant même de discuter d'une rencontre formelle. Après, ils étaient ébranlés, démoralisés, et soucieux de reprendre les discussions. Ils avaient finalement compris qu'ils se trouvaient en guerre avec une superpuissance. Si nous avons commis une erreur, ce fut sans doute d'avoir mesuré l'usage de notre puissance aérienne auparavant" (2)

(1) Le même John McCain avait failli périr brûlé vif en juillet 1967, lorsqu'un tir accidentel de roquettes Zuni avait pulvérisé son Skyhawk et déclenché un gigantesque incendie sur le pont du Forrestal
(2) Fana de l'Aviation, no 471, page 69

1 commentaire:

Barner a dit...

Merci pour cet éclairage tout à fait intéressant sur la guerre du Viêt-Nam, qui change des poncifs que l'on peut lire parfois sur le sujet.