... ni les dizaines de milliers de bombardiers mobilisées par les Anglo-américains, ni leurs centaines de milliers de bombes, n’étaient parvenus à abattre le régime nazi ni même à en stopper la production industrielle.
Les théories de Douhet s’étaient tout bonnement fracassées sur le mur de la dictature et du nationalisme, lequel n’avait finalement pu être mis à bas que par une offensive terrestre suivie de la complète occupation du pays.
Dans ces conditions, face à une autre dictature et un autre nationalisme, face à un pays du Tiers-Monde – le Nord-Vietnam - à peu près dépourvu d’industries dignes d’une bombe mais constamment ravitaillé par les industries de pays alliés – la Chine et l’URSS – qu’il est évidemment exclu de bombarder, et en l’absence de tout plan, et même de toute volonté, d’envahir et d’occuper militairement le Nord Vietnam, que peuvent espérer les Américains qui, dès le début des années 1960, vont s’engager aux côtés de la République du Sud-Vietnam en butte aux attaques continuelles de son puissant voisin nordiste ?
Vaincue à Dien-Bien-Phu (7 mai 1954) faute de moyens aériens suffisants, (1) la France s’est retirée d’Indochine au terme des Accords de Genève (20 juillet), laissant un pays de facto divisé en deux, à l’image de la Corée, avec un Nord communiste et un Sud pro-occidental et bientôt soutenu à bout de bras par les États-Unis qui, craignant la "théorie des dominos" sont résolus à tout mettre en œuvre pour l’empêcher de tomber dans le camp communiste.
Comme la guerre de Corée n’a jamais été populaire au sein de l’opinion publique, la première - pour ne pas dire la seule - préoccupation de l’administration américaine au Vietnam sera de toujours minimiser les pertes de ses propres soldats, lesquelles ne se monteront finalement qu’à une soixantaine de milliers de morts en une dizaine d’années d'engagements.
Minimiser les pertes dans ses rangs est certes admirable dans l'absolu. C'est même le premier devoir de tout commandement.
Mais, dans le cas vietnamien, cela implique surtout d'éviter autant que possible tout engagement de troupes au sol - toujours coûteux en vies humaines - et, lorsqu'ils se produisent malgré tout, de les appuyer en permanence par de gigantesques ballets d'hélicoptères et d’intenses bombardements tactiques et stratégiques plus ou moins précis,… donc plus ou moins mortels pour les civils vietnamiens eux-mêmes (2)
Au-delà de la rhétorique guerrière et des films hollywoodiens, il s’agit ni plus ni moins de remporter dans les airs une guerre qu’on ne veut surtout pas mener sur terre.
Le problème, c’est que l’USAF des années 1960 est particulièrement mal outillée pour cette mission. …
(1) Saviez-vous que... 823-824
(2) On estime généralement les pertes Nord et Sud-vietnamiennes à un million de combattants et quatre millions de civils; la définition précise d’un "civil" étant par ailleurs très difficile à établir dans ce type de conflits.
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