dimanche 16 août 2009

2352 - Duck and Cover

... vu le nombre et la puissance des armes atomiques, et les films d’holocaustes nucléaires produits par Hollywood, il faut à tout prix éviter que la population ne sombre dans la panique ou, ce qui serait encore plus grave, dans un défaitisme qui pourrait l’amener à penser qu’il vaudrait finalement mieux qu’elle se réveille demain dans le camp ennemi plutôt que morte.

Aux États-Unis, politiciens et militaires vont donc s’entendre pour "vendre" la guerre nucléaire à leur population, ou plus exactement pour la préparer à un conflit certes possible, et probablement meurtrier, mais néanmoins supportable pour tous les vrais Américains qui, comme le proclame fièrement la devise du New Hampshire (1), veulent vivre libres et sont prêts à mourir pour le rester.

Bibliothèques, librairies et kiosques à journaux regorgent donc d’ouvrages scientifiques, de magazines, de romans et même de bandes dessinées expliquant comment survivre à un conflit nucléaire, préserver les acquits de la Démocratie, et même construire son propre abri antiatomique dans son jardin ou son sous-sol.

A la radio, à la télévision, des spécialistes plus ou moins éclairés (ou carrément farfelus) échafaudent des scénarios de guerre et énumèrent tout ce qu’il faut stocker chez soi, des boîtes de conserve à la radio portative en passant par la trousse de premiers secours, les jeux pour enfants et, bien entendu, l’un ou l’autre roman édifiant, histoire de se distraire et de se cultiver l’esprit durant les jours, les semaines ou les mois qu’il faudra passer sous terre.

Même les enfants ne sont pas épargnés. Dans les écoles, une petite tortue de dessin animé leur montre ce qu’ils doivent faire s’ils aperçoivent le flash d’une explosion atomique. "Duck and Cover !" ne cesse de répéter Bertie. "Plonge au sol, sous la table ou le lit et couvre-toi la tête avec tes bras ou même une nappe".

Avec le recul, on peut certes rire de pareille psychose, ironiser sur la protection dérisoire qu’offriraient pareilles mesures face à l’explosion d’une véritable bombe à hydrogène de 10 Mégatonnes, ou se demander s’il ne vaudrait pas mieux mourir immédiatement que de devenir l’éventuel survivant d’un monde post-apocalyptique.

Mais après tout, nos modernes phobies sur les grippes aviaires ou porcines sont-elles plus rationnelles ? les conseils que l’on nous donne plus éclairés ? et les protections qu’on nous suggère - en ce compris le port de masques dans le métro - réellement plus efficaces ?

(1) Live Free or Die est la devise du New Hampshire depuis 1945

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