vendredi 14 août 2009

2350 - survivre à l'atome

... puisque l’arme nucléaire est "l’égalisateur de chances" par excellence, rien d’étonnant à ce que la Grande-Bretagne, la France, la Chine, l’Inde ou le Pakistan s'engagent à leur tour dans cette voie et dans l’espoir qu’elle leur permettra de dialoguer d’égal à égal avec les deux "grands" que sont les États-Unis et l’URSS,… ou de s’en protéger.

Bien entendu, les "grands" ne l’entendent pas de cette oreille et cherchent au contraire à préserver leur supériorité sur les "petits", que ce soit par le nombre ou la puissance des têtes nucléaires, ou les performances des vecteurs (missiles ou bombardiers) dont ils disposent.

Dès le milieu des années 1950, la multiplication des armes crée un étrange paradoxe : elle protège contre les velléités des pays voisins,… mais elle accroît d’autant la probabilité que quelqu’un, quelque part, finisse par s’en servir, volontairement ou non.

Aux États-Unis comme en URSS, les États-majors n’ont plus qu’une phobie : celle d’une "attaque surprise" menée par l’adversaire. Une attaque qui détruirait non seulement les villes, les infrastructures et les industries, mais aussi, et peut-être surtout, les aérodromes et les silos à missiles, c.-à-d. la capacité de représailles contre le dit adversaire.

Pour se prémunir contre cette éventualité, qui annihilerait l’idée même de dissuasion et rendrait la guerre atomique possible et même souhaitable, il importe donc de multiplier encore davantage le nombre d’armes nucléaires dont on dispose, et de placer leurs vecteurs autant que possible à l’abri, que ce soit en les enterrant sous des tonnes de béton armé, ou en les installant à l’intérieur de sous-marins constamment en mouvement dans l’océan ou de bombardiers en patrouille permanente à 10 000 mètres d’altitude.

Les postes de commandement, qui en cas de guerre seront naturellement les premiers visés, doivent eux aussi être dispersés aux quatre coins du pays et mis à l’abri sous des montagnes ou des bunkers spécialement conçus pour résister à toute attaque.

Il faut aussi multiplier les systèmes d’alerte avancée, c.-à-d. les postes d’observation et les radars qui, en Sibérie, en Alaska, en Turquie, ou encore dans le Grand Nord canadien, doivent repérer le plus rapidement possible l’approche des missiles et bombardiers ennemis, laissant ainsi le temps d’organiser une riposte.

Et pour chapeauter l’ensemble, il faut bien évidemment un système informatique très élaboré, capable d’identifier la menace de manière précise, de calculer immédiatement les trajectoires et les cibles visées, et de déclencher lui-même les représailles appropriées puisque personne n’imagine vraiment avoir le temps de convoquer l’État-major général au grand complet ni, a fortiori, l’ensemble des députés et sénateurs pourtant seuls habilités, sur le strict plan juridique, à voter la guerre.

Extraordinairement complexe, ce système d’attaque-défense est donc conçu pour fonctionner de la manière la plus autonome possible, précisément pour éviter que l’ennemi n’aie la possibilité, en frappant un rouage bien précis – homme, appareil ou bâtiment – de bloquer la mécanique de représailles dans son ensemble, et de gagner ainsi la guerre.

Fondé sur la dispersion et la redondance, la dissuasion nucléaire est supposée capable de faire face à toute éventualité ou menace. Mais si ses concepteurs sont convaincus d’avoir tout prévu , les populations, elles, sont loin d’être rassurées...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Je pense que l'usage de l'image du Norad pose quelques problèmes. En effet, celle ci ne vient pas du véritable centre de contrôle, mais d'une des scènes du film Wargames sorti pendant les années 80 ! En effet, de l'aveu même des dirigeants du Norad, la salle de contrôle telle qu'elle était représentée dans Wargames était beaucoup plus impressionnante que la véritable salle, dont peu de photos existent. On peut d'ailleurs voir que cette salle est fantaisiste par l'abondance d'inutiles écrans et de pupitres regorgeant de nombreuses lampes et boutons clignotants ridicules.

Cependant, merci pour ce blog très enrichissant.