lundi 10 août 2009

2346 - mégatonnes

... comme il fallait s’y attendre, l’explosion de la première bombe atomique soviétique (29 août 1949), relance aussitôt la course aux armements et va propulser la puissance de destruction des bombes nucléaires vers des sommets proprement impensables

Avec ses 15 000 tonnes d'équivalent TNT, Little Boy, qui a pourtant rasé Hiroshima aux deux tiers, devient très vite un vulgaire jouet pour enfants. Dans chaque camp, les techniciens se mettent à rêver plus gros, toujours plus gros. Et comme les financements sont inépuisables, la perspective de la Mégatonne d'équivalant TNT – 60 fois la puissance d'Hiroshima – est bientôt atteinte, puis dépassée.

Et comme il faut bien tester ces nouveaux jouets, les États-Unis, l'URSS, puis la Grande-Bretagne et la France, se mettent à en faire exploser partout,... mais toujours fort loin de leurs métropoles respectives, sur des atolls perdus du Pacifique, dans les déserts d'Algérie, dans le bush australien, chez les kazakhs, chez tous ces sauvages que l'on peut déporter d'un claquement de doigts et à qui personne n'accordera la moindre indemnité si le test tourne mal, ou le vent dans la mauvaise direction ce qui, du reste, se produit à maintes occasions....

Le 01 novembre 1952, l'atoll d'Eniwetok, dans les îles Marschal, est pulvérisé par la première bombe à hydrogène de l'Histoire. D'une puissance de 10 Megatonnes d'équivalant TNT - 600 fois Hiroshima - "Ivy Mike", puisque tel est son surnom, est néanmoins un engin singulièrement peu pratique sur le plan militaire, car avouant 70 tonnes sur la balance, et la taille d'une petite maison, ce qui signifie qu’il n’existe sur Terre aucun bombardier ou missile capable de l’emporter jusqu’à son éventuel objectif !

Mais pour son concepteur, Edward Teller, prototype et inspiration du docteur Folamour, c'est nécessaire pour maintenir l'avance des États-Unis sur l'éternel rival soviétique, lequel travaille lui aussi sur des bombes semblables.

Et puis, de toute manière, progrès technique aidant, on parviendra bientôt à ramener la taille de ces engins dans des limites de poids et d’encombrement "raisonnables", ou du moins suffisantes pour en permettre l’emport sur un bombardier B52 ou un missile Titan : le 01 mars 1954, à peine quinze mois plus tard, "Castle Bravo" atteint les 15 Mégatonnes - 50 % de plus - mais ne fait plus que 5 mètres de long pour un poids d'une dizaine de tonnes.

Nonobstant, l'idée-même de la Mégatonne tient davantage de la magie du chiffre rond que du besoin véritable. Personne en effet ne se pose vraiment la question de savoir à quoi pourront bien servir pareils monstres, car après tout, si une seule bombe de 15 000 tonnes d'équivalant TNT suffit à détruire une ville, à quoi bon disposer de bombes de 10 millions de tonnes dont le rendement – considéré du strict point de vue des résultats pratiques - est manifestement décroissant.

On n’a encore rien vu…

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