mercredi 5 août 2009

2341 - l'âge de l'atome

... A 07H25, l'Enola Gay, qui croise à près de 9 000 mètres d'altitude, a infléchi sa route vers Hiroshima, "centre militaire" depuis 1868, en même temps qu'important port militaire, avec arsenaux et bassins de radoubs.

Quarante minutes plus tard, les sirènes retentissent de nouveau dans la ville. Mais beaucoup d'habitants, échaudés par la première alerte, ne prennent même pas le temps de se rendre aux abris, persuadés d'assister au simple retour de l'appareil américain qui les a survolés une heure auparavant.

A 08H09, l'Enola Gay arrive au dessus d'Hiroshima. Le ciel est limpide et sans la moindre trace des chasseurs japonais, toujours cloués au sol par les ordres et la pénurie d'essence.

De toute manière, le grand bombardier qui, comme la plupart de ses congénères a été débarrassé de ses tourelles et de presque tout son armement défensif, afin qu'il vole plus haut et plus vite, est monté à près de 10 000 mètres, proche de son plafond maximum, beaucoup trop haut pour la plupart des avions japonais.

Dans le nez vitré, l'opérateur de bombardement a pris les commandes de l'avion et guette le centre de la cible - un pont au dessus d'une rivière. Le Norden américain est, à cette époque, le viseur le plus précis du monde. A cette altitude, par temps clair et dans de bonnes conditions, sa précision est d'environ 200 mètres.

A 8H15, l'opérateur aperçoit la cible et presse le bouton. La bombe - quatre tonnes, trois mètres de long - jaillit de la soute. Dans le même temps, le pilote enclenche la surpuissance des quatre énormes Wright R-3350 qui dans un grondement de Fin du Monde, lancent l'avion dans un virage serré, prélude à une fuite éperdue.

Quelques habitants d'Hiroshima ont sans doute réalisé la manoeuvre. Peut-être même certains ont-ils pressenti que quelque chose de grave se passait en cet instant. Mais c'est désormais sans importance : à environ 200 mètres de la cible visée, la bombe, déclenchée par un détonateur altimétrique, explose à une hauteur de 700 mètres, choisie afin de maximiser l'effet de souffle, par réverbération sur le sol.

Plus brillante que mille soleils, l'explosion tue 80 000 personnes, et rase la ville aux deux tiers. Pour autant, sur les quelques 60 kilos d'uranium que contenait la charge, on estime que moins de 2 % est effectivement entré en fission, déclenchant une explosion équivalente à 15 000 tonnes de TNT ou , si l’on préfère, au chargement normal de 1 800 B29 (!)

L'Humanité vient d'entrer dans l'ère atomique.

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