vendredi 24 juillet 2009

2329 - un soir à Dresde

... Américains et Britanniques sont convaincus de pouvoir remporter du haut des airs une guerre qu'ils ne veulent plus mener au sol. Mais si les villes allemandes et japonaises se transforment progressivement en cendres, c'est toujours au sol, "comme au bon vieux temps" que la guerre continue d'être gagnée ou perdue.

Pour préparer les offensives en Normandie ou à Arnhem, à Anzio ou à Okinawa, on bombarde donc encore et encore, tant on reste persuadé que les bombes qui tuent derrière les lignes ennemies sauvent d'autres vies sur le Front.

Et lorsqu'on se rend compte, contre toute attente, que les bombardements ne précipitent pas la fin de la guerre, et que les offensives au sol s'enlisent les unes après les autres face à la résistance opiniâtre de l'ennemi, on se dit que c'est forcément faute d'avoir suffisamment bombardé cet ennemi,... et aussi qu'en le bombardant davantage, on finira bien par emporter la décision.

Fin février 1944, désireux d'en finir avec la production allemande d'avions de chasse, les anglo-américains lancent ainsi plus de 6 000 bombardiers sur Augsburg, Schweinfurth, Ratisbonne ou Stuttgart, faisant des milliers de victimes et détruisant des kilomètres carrés de bâtiments et de maisons.

Le 6 mars, c'est au tour de Berlin de connaître son premier grand raid diurne. Un raid hautement symbolique mais dans lequel la 8ème Air Force américaine perd tout de même 70 quadrimoteurs B17 et B24, ainsi que 701 aviateurs, dont 411 sont faits prisonniers. A lui seul, le 13th Combat Wing y laisse onze B17 sur quinze (!)

Pour autant, aucun des objectifs que les Américains se sont promis de détruire à Berlin n'est atteint. Pire encore : un instant ralentie, la production allemande d'avions repart de plus belle.

En décembre 1944, la contre-offensive allemande dans les Ardennes démontre d'ailleurs que l'Allemagne n'est toujours pas disposée à se soumettre. Et comme on ne sait rien faire d'autre que bombarder, comme il faut bien venger les milliers de soldats américains tués ou blessés en Belgique, comme il faut tout tenter pour empêcher les soldats britanniques de mourir en Allemagne, on lâche à nouveaux la meute des bombardiers sur les ville allemandes.

Le 13 février 1945, les Britanniques bombardent donc Dresde, suivis le lendemain par les Américains. Pour les premiers, c'est une manière de venger le fait que 180 fusées V1 et V2 - le total le plus important jamais enregistré - se sont abattues sur l'Angleterre la semaine précédente. Pour les seconds, c'est aussi tenir la promesse faite à Staline, quelques jours plus tôt, de paralyser toutes les voies de communication ferroviaire acheminant des renforts allemands vers le front de l'Est.

Des dizaines de milliers de civils allemands vont payer de leur vie cette double logique,... et aussi le fait que les trains bondés et bloqués en gare centrale ne transportent pas des troupes allemandes en route vers le front - comme l'affirment pourtant les services de renseignements soviétiques - mais bien des milliers de civils allemands, fuyant dans la direction opposée...

3 commentaires:

Midomar a dit...

Je lis votre blog tous les jours et je me rends compte que je ne vous ai jamais dit merci.

Le bombardement de masse n'est peut-être pas le meilleur moment pour le faire mais mieux vaut le bombardement de masse que jamais.
Alors...

Merci et bravo.

Barner a dit...

C'est vrai que ce blog est exceptionnel. Il est étonnant d'ailleurs que les commentaires ne soient pas plus nombreux.
Deux hypothèses:
-ce blog est peu connu, et c'est une injustice
-ce blog est lu par des personnes qui n'éprouvent pas le besoin de le commenter, tant l'info est riche et complète.
Diberville nous donnera peut-être un jour des infos sur la fréquentation de son site, l'origine des lecteurs et les durées de lecture...

Cafarnaum a dit...

Ce blog est incroyable et indispensable et peut-être un jour nous connaîtrons le secret de Diberville :)

Par ailleurs, merci pour les articles sur le bombardement de Dresde... Mon grand-père, évadé d'un Stalag en Silésie, l'a vécu à quelques kilomètres de distance...