... dans une guerre totale, les civils sont des combattants à qui l'État rend les honneurs militaires lorsqu'ils tombent sous les bombardements.
Au début de la guerre aérienne, l'Allemagne nazie n'éprouve aucune difficulté à offrir cérémonie officielle, cercueil décent et sépulture individuelle à chaque civil victime des bombes, ainsi que décorations, indemnisations et sympathies personnelles du Führer aux survivants et héritiers.
Mais à partir de la mi-1943, à mesure que les raids se font de plus en plus massifs, et les morts de plus en plus nombreux, il faut en revenir aux fosses communes, aux boîtes en sapin, puis aux sacs de toile que l'on coud simplement autour des cadavres.
Il ne s'agit plus d'honorer quelques dizaines de martyrs du Reich de Mille ans, mais bien de faire disparaître au plus vite des milliers et des milliers de corps souvent carbonisés au point d'en être rendus méconnaissables.
A Pforzheim, on doit recourir au lance-flammes pour faire disparaître les 20 000 cadavres que la municipalité est incapable d'enterrer. A Dresde, l'ampleur des destructions impose même l'usage d'une méthode directement héritée du Moyen-Âge.
"Des travailleurs et des prisonniers russes creusèrent des tombes dans les cimetières de Dresde pour dix mille tombés au champ d'honneur. Survint un radoucissement du temps (...) qui accéléra la décomposition. Il ne restait plus d'autre choix (...) que de donner l'autorisation d'incinérer les corps. Cela eut lieu sur l'Altmarkt, où l'on bâtit d'immenses grils avec des poutrelles de fer. Sur chacun d'eux, on disposa environ cinq cents corps les uns sur les autres. On les imprégna d'essence et on y mit le feu"
Par une de ces étranges ironies dont l'Histoire a le secret, ces grils, "furent construits avec la participation d'un des commandos de Streibel [le Sturmbahnführer SS Karl Streibel], (...) qui avaient appris cette méthode de crémation à Treblinka. Là bas, on utilisait six rails de chemin de fer sur des socles en béton" (1)
(1) cité par Jorg Friedrich, "L'Incendie", page 394. Les événements de Dresde ont toujours fait l'objet d'innombrables polémiques. Celle relative au nombre de morts ne fait pas exception. On considère aujourd'hui que les pertes humaines, évaluées à bien plus de 100 000 par l'occupant russe au lendemain de la guerre, tournent plutôt aux alentours de 35 000
Au début de la guerre aérienne, l'Allemagne nazie n'éprouve aucune difficulté à offrir cérémonie officielle, cercueil décent et sépulture individuelle à chaque civil victime des bombes, ainsi que décorations, indemnisations et sympathies personnelles du Führer aux survivants et héritiers.
Mais à partir de la mi-1943, à mesure que les raids se font de plus en plus massifs, et les morts de plus en plus nombreux, il faut en revenir aux fosses communes, aux boîtes en sapin, puis aux sacs de toile que l'on coud simplement autour des cadavres.
Il ne s'agit plus d'honorer quelques dizaines de martyrs du Reich de Mille ans, mais bien de faire disparaître au plus vite des milliers et des milliers de corps souvent carbonisés au point d'en être rendus méconnaissables.
A Pforzheim, on doit recourir au lance-flammes pour faire disparaître les 20 000 cadavres que la municipalité est incapable d'enterrer. A Dresde, l'ampleur des destructions impose même l'usage d'une méthode directement héritée du Moyen-Âge.
"Des travailleurs et des prisonniers russes creusèrent des tombes dans les cimetières de Dresde pour dix mille tombés au champ d'honneur. Survint un radoucissement du temps (...) qui accéléra la décomposition. Il ne restait plus d'autre choix (...) que de donner l'autorisation d'incinérer les corps. Cela eut lieu sur l'Altmarkt, où l'on bâtit d'immenses grils avec des poutrelles de fer. Sur chacun d'eux, on disposa environ cinq cents corps les uns sur les autres. On les imprégna d'essence et on y mit le feu"
Par une de ces étranges ironies dont l'Histoire a le secret, ces grils, "furent construits avec la participation d'un des commandos de Streibel [le Sturmbahnführer SS Karl Streibel], (...) qui avaient appris cette méthode de crémation à Treblinka. Là bas, on utilisait six rails de chemin de fer sur des socles en béton" (1)
(1) cité par Jorg Friedrich, "L'Incendie", page 394. Les événements de Dresde ont toujours fait l'objet d'innombrables polémiques. Celle relative au nombre de morts ne fait pas exception. On considère aujourd'hui que les pertes humaines, évaluées à bien plus de 100 000 par l'occupant russe au lendemain de la guerre, tournent plutôt aux alentours de 35 000
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