... pour les bombardiers qui opèrent de nuit, le défi est autant de ne pas se faire descendre que de parvenir à trouver la cible, c.-à-d. la ville sur laquelle déverser les bombes.
"En août [1941], un rapport d'enquête [sur l'efficacité des bombardements et les pertes encourues] fut présenté au gouvernement et au Parlement, le rapport Butt. A l'aide de photos aériennes, il concluait que, lorsque le temps était favorable [ce qui était très rare] le tiers des appareils engagés touchait leur cible. La "cible" étant une zone d'un rayon de huit kilomètres autour d'un point. Dans le bassin de la Ruhr, principale zone d'opérations, on ne touchait sa cible que par hasard pendant les semaines sans lune. (...) En novembre 1943, toucher une zone industrielle (...) au sein des 900 kilomètres carrés de Berlin relevait encore du hasard" (1)
De fait, à cette époque, et malgré l'apparition des premiers radars de bord, seul un équipage sur quatre est capable, de nuit, de placer ses bombes à moins de trois kilomètres de la cible visée (!)
Compte tenu des moyens techniques dont on dispose, il ne reste donc plus le choix qu'entre deux solutions : renoncer tout simplement à bombarder l'Allemagne et envoyer les bombardiers à la casse, ou trouver, en Allemagne, des objectifs suffisamment étendus pour que les bombes puissent y toucher quelque chose de plus utile qu'un champ de pommes de terre.
Seules les villes correspondent à cette définition. Aussi, en février 1942, le gouvernement britannique décide de renoncer à la langue de bois et aux fioritures rhétoriques.
La "directive area bombing" adressée au Bomber Command précise en effet que : "Il a été décidé que le principal objectif de votre opération serait désormais axé sur le moral de la population ennemie, notamment celui des ouvriers de l'industrie" (...) "Il est clair que les cibles doivent être les zones d'habitation et non, par exemple, des chantiers navals, ou les industries d'aviation. Cela doit être parfaitement clair." (2)
De leur côté, les Américains, qui entrent dans la danse à partir de 1943, sont convaincus que leurs "forteresses volantes", évoluant de jour à haute altitude et en "packs" serrés, parviendront non seulement à affronter avec succès les meutes de chasseurs allemands, mais aussi à trouver bien plus facilement des cibles strictement militaires, comme des usines ou des raffineries.
La réalité est hélas toute autre : faute d’escorte, les lourds et lents B17 et B24 sont abattus en grand nombre tandis que la précision des bombardements n’est que rarement au rendez-vous : à l'entraînement, par temps clair, sous de parfaites conditions de visibilité, celle-ci est théoriquement de 300 mètres.
Mais en conditions réelles de combat, au dessus du territoire ennemi, par temps couvert, elle chute immédiatement à plusieurs kilomètres…
(1) et (2) Jorg Friedrich, L’Incendie
"En août [1941], un rapport d'enquête [sur l'efficacité des bombardements et les pertes encourues] fut présenté au gouvernement et au Parlement, le rapport Butt. A l'aide de photos aériennes, il concluait que, lorsque le temps était favorable [ce qui était très rare] le tiers des appareils engagés touchait leur cible. La "cible" étant une zone d'un rayon de huit kilomètres autour d'un point. Dans le bassin de la Ruhr, principale zone d'opérations, on ne touchait sa cible que par hasard pendant les semaines sans lune. (...) En novembre 1943, toucher une zone industrielle (...) au sein des 900 kilomètres carrés de Berlin relevait encore du hasard" (1)
De fait, à cette époque, et malgré l'apparition des premiers radars de bord, seul un équipage sur quatre est capable, de nuit, de placer ses bombes à moins de trois kilomètres de la cible visée (!)
Compte tenu des moyens techniques dont on dispose, il ne reste donc plus le choix qu'entre deux solutions : renoncer tout simplement à bombarder l'Allemagne et envoyer les bombardiers à la casse, ou trouver, en Allemagne, des objectifs suffisamment étendus pour que les bombes puissent y toucher quelque chose de plus utile qu'un champ de pommes de terre.
Seules les villes correspondent à cette définition. Aussi, en février 1942, le gouvernement britannique décide de renoncer à la langue de bois et aux fioritures rhétoriques.
La "directive area bombing" adressée au Bomber Command précise en effet que : "Il a été décidé que le principal objectif de votre opération serait désormais axé sur le moral de la population ennemie, notamment celui des ouvriers de l'industrie" (...) "Il est clair que les cibles doivent être les zones d'habitation et non, par exemple, des chantiers navals, ou les industries d'aviation. Cela doit être parfaitement clair." (2)
De leur côté, les Américains, qui entrent dans la danse à partir de 1943, sont convaincus que leurs "forteresses volantes", évoluant de jour à haute altitude et en "packs" serrés, parviendront non seulement à affronter avec succès les meutes de chasseurs allemands, mais aussi à trouver bien plus facilement des cibles strictement militaires, comme des usines ou des raffineries.
La réalité est hélas toute autre : faute d’escorte, les lourds et lents B17 et B24 sont abattus en grand nombre tandis que la précision des bombardements n’est que rarement au rendez-vous : à l'entraînement, par temps clair, sous de parfaites conditions de visibilité, celle-ci est théoriquement de 300 mètres.
Mais en conditions réelles de combat, au dessus du territoire ennemi, par temps couvert, elle chute immédiatement à plusieurs kilomètres…
(1) et (2) Jorg Friedrich, L’Incendie
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