jeudi 9 juillet 2009

2314 - tactique ou stratégique ?

... dans l'entre-deux-guerres, il n'y a pas que la taille et le contenu des bombes qui divise les États-majors : il y a aussi, et peut-être surtout, le point de savoir si l'on a besoin d'une force tactique ou stratégique, c-à-d de bombardiers moyens évoluant en permanence à proximité de la ligne de Front et en soutien direct des troupes au sol, ou alors de bombardiers lourds, opérant de manière autonome loin derrière cette ligne, et presque exclusivement dans le but de détruire les villes et le tissu industriel de l'adversaire.

La première solution, qui subordonne l'Aviation à l'Infanterie, a naturellement la préférence de cette dernière... mais aussi des comptables, puisqu'elle autorise la construction d'appareils à la fois bon marché, faciles à mettre en oeuvre, et relativement polyvalents, alors que la seconde implique non seulement d'accorder aux aviateurs l'autonomie qu'ils réclament, mais surtout de leur offrir des appareils complexes, très spécialisés, et extrêmement coûteux.

Si tout le monde reconnaît une certaine utilité au bombardement stratégique, seules la Grande-Bretagne et les États-Unis vont véritablement se donner les moyens de développer des quadrimoteurs stratégiques spécialisés alors que tous les autres pays, et en particulier l'Allemagne et le Japon, privilégieront la formule des bimoteurs tactiques polyvalents.

Au début du conflit, tant l'Allemagne que le Japon auront toutes les raisons de se féliciter de leur choix : sur le Front mais aussi contre des objectifs proches et faiblement protégés - comme Varsovie en 1939 ou Singapour en 1942 - les "petits" bimoteurs Dornier 17, Heinkel 111 ou Mitsubishi G4M "Betty" sont assurément préférables aux "énormes" quadrimoteurs Boeing B17 ou Avro "Lancaster".

Mais contre des villes et des industries lointaines et/ou fortement défendues - comme Londres en 1940 ou les États-Unis... durant toute la guerre - la faible charge utile, l'autonomie réduite des bimoteurs, et leur relative fragilité, ne permettent pas d'obtenir des résultats satisfaisants, et condamnent presque toujours leurs équipages à une mort certaine...

Plus gros, plus solides, les quadrimoteurs peuvent aller plus loin, frapper plus fort, mais aussi - point qui va vite devenir essentiel - survivre à des dommages souvent effarants et qui auraient condamné n'importe quel bimoteur...

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