2297 - la folie furieuse

... pour propulser son "Ratte", Krupp prévoit rien moins que deux diesel de sous-marins, ou huit diesel de vedettes lance-torpilles, censés propulser ce monstre de 1 000 tonnes à la vitesse totalement irréaliste de 40 kms/h (!)

Rien d'autre que la folie furieuse, ou alors l'exaltation du grandiose, ne peuvent expliquer pourquoi des ingénieurs pourtant bardés de diplômes s'estiment en mesure de construire, et de faire avancer à pareille allure, un engin de guerre de la taille d'un immeuble de quatre étages (!)

Même doté de deux bancs de trois rangées de chenilles de plus d'un mètre de large chacune, ce Behemoth de 14 mètres de large (!) va immanquablement détruire toutes les routes sur lesquelles il sera amené à circuler.

Hitler, pourtant, s'enthousiasme pour le projet, de même que pour celui, encore plus titanesque, que Krupp lui soumet à la fin de 1942 : installer sur le châssis d'un P-1000 l'effrayant canon Dora de 800mm, également dû à Krupp(1)

En soi, pareille démarche n'est pas totalement dénuée de logique puisque le Dora, dans sa version ferroviaire, pèse 1 350 tonnes (1) et exige 2 500 hommes, et des semaines de préparation, avant de pouvoir tirer son premier coup

Fixer ce canon de 34 mètres de long sur un bâti chenillé lui offrira, du moins en théorie, la mobilité dont il est cruellement dépourvu. Mais ce faisant, le poids de l'ensemble, rebaptisé P-1500, se voit catapulté à 1 500 tonnes (!)

Aucune objection pratique ne semblant en mesure de freiner l'attrait du Führer pour le cyclopéen, c'est son Ministre de l'Armement, Albert Speer, qui, au début 1943, devra se dévouer pour ramener le Ratte sur terre, en ordonnant l'arrêt total d'un projet qui, même pour une Allemagne nazie qui en déjà vu bien d'autres, relève carrément de la folie furieuse...

(1) Saviez-vous que... 2262 à 2264