dimanche 14 juin 2009

2289 - improvisation

... en attendant que l'industrie allemande soit en mesure de produire de nouveaux tanks mieux à même d'affronter KV-1 et autres T-34, il faut faire avec ce qu'on a, et tout d'abord des milliers de canons antichars de 76mm abandonnés par les Russes, ou leur équivalant allemand de 75mm.

Comme ces canons d'Infanterie sont trop gros pour être directement installés à l'intérieur des tourelles des tanks existants, le plus simple et le plus rapide est encore de recourir à une variante terrestre de l'Artillerie Lourde sur Voie Ferrée : les poser sur les châssis de vieux Panzers I, II et 38(t) préalablement débarrassés de leur tourelle.

Cette recette - également appliquée par les Américains, les Britanniques ou les Russes, pour ne parler que d'eux - va ainsi donner naissance aux Marder I, II et III, respectivement reconstruits sur des châssis de Tracteur Blindé 37L français capturés (170 exemplaires), Panzer II (576 exemplaires) et surtout Panzer 38 (t) (près de 2 000 exemplaires).

Avec eux, la Wehrmacht va enfin disposer, et pour un coût modique, d'engins capables de détruire les tanks russes à des distances "raisonnables",... même si leur absence presque totale de blindage, et l'habitacle ouvert, rendent ces engins infiniment plus vulnérables que les tanks qu'ils sont censés détruire.

En 1943, la volonté de leur donner un supplément de punch va pousser à la création, à 500 exemplaires, du Nashorn, qui bénéficie quant à lui du célèbre canon de 88mm (installé sur le châssis, plus large, d'un Panzer III ou IV)... mais se retrouve victime de la Loi des rendements décroissants : plus gros, plus haut, et deux fois plus lourd (24 tonnes) que le Marder d'origine, il est en effet bien plus plus vulnérable que lui aux tirs ennemis, ce que ne compense que partiellement le montage d'un canon plus puissant.

Il faudra attendre avril 1944 pour que les ingénieurs allemands trouvent enfin la bonne formule, laquelle consiste tout bonnement à fabriquer un chasseur de char à casemate fermée, donc semblable dans son principe aux JagdPanther et JagdPanzer, mais bien plus simple et économique qu'eux, puisque reprenant simplement le châssis décidément increvable du Panzer 38(t),... c-à-d du LT vz. 38 tchécoslovaque de 1938 !

Avec un maximum de 60mm à l'avant, le blindage, bien que fortement incliné, n'est certes le point fort du nouveau Hetzer. Mais avec un poids total d'à peine 16 tonnes, et une hauteur à peine supérieure à 2 mètres, l'engin est en revanche minuscule, donc très difficile à repérer et à détruire.

Très apprécié par ses équipages, construit à près de 2 600 exemplaires, et largement utilisé dans l'après-guerre (en particulier en Suisse), le Hetzer est donc le "gros bon sens" enfin appliqué au tank allemand

Mais c'est trop tard tant ce dernier a depuis longtemps perdu tout sens des réalités...

3 commentaires:

Sig a dit...

Bonjour,
Je crains qu'il n'y ait une confusion dans l'une des illustration entre un Hummel et le Nashorn. Les deux partagent en effet le châssis hybride Pz III/IV et une silhouette globalement similaire. Cependant le canon de 150mm du Hummel est nettement plus court et plus large que le très long 88mm du Nashorn.

D'Iberville a dit...

C'est corrigé
merci !

Guillaume a dit...

Monter des canons de 75 ou 76mm sur des châssis de blindés réformés était aussi une réponse face aux faibles capacités de production de chars de l'Allemagne nazie avant 1943, et un palliatif aux destructions occasionnées sur le Front de l'Est.

Nashorn était une réussite, qui répondait à un besoin essentiel : rendre mobile une pièce anti-char de 88mm. Il était particulièrement adapté aux immensités du Front Russe. Son faible blindage trouve son origine dans les faiblesses du châssis utilisé (un mélange entre des composants des Pz III et IV). En 1945, un Nashorn mettra encore hors de combat un IS2 à plus de 4000 mètres... A noter que son châssis n'était pas plus large mais plus long.

L'Allemagne a réagi bien avant le Hetzer en équipant ses StuG avec le canon long PaK 40 L/46 puis L/48 (StuG III F et la longue série des G), plus faciles à produire et qui seront une vraie réussite.