
... à la fin de la guerre, et bien que tous fonctionnels, les canons géants allemands, champions "über alles" dans ce domaine, s'étaient tous fracassés sur le mur des rendements décroissants et n'avaient jamais justifié les espoirs et surtout les moyens financiers et humains placés en eux.
Malgré tous les efforts et tous les reichsmarks engloutis dans cette aventure, le V-3 à chambres multiples était demeuré un pur caprice d'ingénieurs, qui n'atteignit jamais ni la portée espérée, ni surtout la fiabilité requise pour un usage militaire.

Extrêmement puissant et encore relativement mobile, le mortier Karl de 600mm aurait été parfait en 1914. Mais à son apparition, à la fin de 1940, il n'y avait tout simplement plus assez de cibles qui pouvaient encore justifier ses contraintes d'emploi.

Encore pouvait-il paraître raisonnable en regard du monstrueux Dora de 800mm et de 1 350 tonnes qui, en 1942, réclama une véritable armée et six semaines de préparatifs pour tirer moins d'une cinquantaine d'obus sur Sébastopol, avant de se taire jusqu'à la fin de la guerre.

A peine meilleur fut le K-12 à très longue portée, puisqu'en quatre années de guerre, les deux exemplaires mis en service tirèrent moins d'une centaine d'obus sur l'Angleterre, sans obtenir d'autre résultat que de flatter l'orgueil national d'une population allemande à qui l'on se garda pourtant de dire que les dits canons, bien que plus facilement transportables, étaient finalement moins performants que les légendaires "Canons de Paris" de 1917.

Performant, le Siegfried de 380mm l'était quant à lui davantage que le Lange Max de 1915, et s'avérait également bien plus simple à utiliser que son ancêtre. Mais comme le plus petit K-5 faisait presque aussi bien en performances, et beaucoup mieux en souplesse et facilité d'emploi, il ne fut construit qu'en trois exemplaires, soit dix fois moins que ce dernier.

En soi, le K-5 était une arme excellente, mais l'Aviation faisait beaucoup mieux, et pour beaucoup moins cher, en sorte que l'idée-même du canon sur voie ferrée allait disparaître avec lui puisque les Américains, lorsqu'ils s'inspirèrent des deux K-5 capturés à Anzio pour concevoir leur canon atomique de même calibre, préférèrent limiter la portée de tir afin d'obtenir une arme plus légère mais transportable par la route.

Au début des années 1950, les États-majors du monde entier étaient tous parvenus à la même conclusion : 8 pouces (203mm) représentait le calibre maximal pour une pièce d'artillerie lourde, et 6 pouces (155mm), le calibre optimal, ce qui condamnait de facto toute ambition de "super-canon" dont il était désormais prouvé qu'ils n'apportaient pas grand-chose de plus, si ce n'est énormément de problèmes.
Cette règle, encore en vigueur aujourd'hui, ne souffrirait - brièvement - que deux exceptions : le canon atomique d'abord, ceux de Gérald Bull ensuite...
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