mardi 12 mai 2009

2256 - en progrès...

... la Ligne Maginot s'annonçant plus coriace que les forts belges de 1914, le mortier appelé à la détruire doit nécessairement être plus puissant que le légendaire Bertha de 420mm dû à Krupp, lequel expédiait des obus de 800 kilos à sept ou huit kilomètres.

De fait, la proposition de Rheinmetall vise rien moins qu'un mortier à tube court en calibre 600mm (Gerät 040), capable de propulser à la même distance un projectile de... 1 700 kilos ! Une seconde version (Gerät 041), commandée en 1941, et dotée d'un tube long au calibre réduit à 540mm, tirera un peu plus loin (douze kilomètres) un obus un peu plus léger (1 200 kilos) ce qui, du point de vue de la puissance brute, ne changera de toute manière pas grand-chose.

Mais avec pareilles caractéristiques, le Gerät 040/041, plus connu sous le nom de "Karl" (1), sera aussi, et nécessairement, beaucoup plus lourd que le défunt Bertha qui, avec ses 42 tonnes, et malgré ses immenses roues, s'était déjà avéré presque impossible à déplacer sur les champs de batailles, et n'avait pu voyager que par train, et en pièces détachées.

Comme chacun prévoit que le conflit à venir sera plus mobile que le précédent, il faut donc s'assurer que le nouveau mortier géant soit en mesure de suivre la progression des troupes ce qui - et c'est le moins qu'en puisse en dire - ne s'annonce pas comme une mince affaire.

Aussi simple qu'ingénieuse, la solution trouvée par Rheinmetall consiste tout bonnement à fixer le dit mortier sur un affût chenillé et doté de son propre moteur V12 Mercedes-Benz. Ainsi gréé, et malgré ses 11 mètres de long, ses 3 mètres de large, et son poids record de... 130 tonnes (!), le Karl est effectivement capable de rouler au pas d'homme sur de courtes distances,... en autant bien sûr que le terrain écrasé par ses robustes chenilles soit lui-même suffisamment dur, plat, et dépourvu d'obstacles tels fossés ou talus.

Pour les déplacements plus longs, l'engin au complet est directement suspendu entre deux énormes poutrelles métalliques en Y, elles-mêmes posées sur deux bogies ferroviaires.

Si le Karl est tout sauf un modèle d'agilité, il n'en est pas moins très supérieur au Bertha dans tous les domaines, et pas seulement en matière de puissance de feu, ce qui, considérant l'ampleur du défi, constitue assurément le plus bel hommage qu'il soit possible de rendre aux ingénieurs de Rheinmetall

Sur le plan strictement militaire, en revanche, le Karl a toutes les allures d'une régression...

(1) ainsi nommé en hommage au général d'artillerie Karl Heinrich Emil Becker, qui s'était suicidé le 8 avril 1940

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