
... l'apparition des Bertha de 420mm avait piqué au vif l'orgueil des militaires français qui, dés les premiers jours de la guerre, ne cessèrent de réclamer de semblables armes.
Une analyse objective aurait sans doute démontré que ces mortiers géants offraient finalement plus d'inconvénients que d'avantages mais, dans la lutte à mort que se livrait à présent la France et l'Allemagne, si l'armée allemande possédait de gros canons en mesure d'expédier des projectiles de 800 kilos à 10 kilomètres, alors l'armée française se devait nécessairement d'en obtenir d'encore plus gros, capables d'envoyer encore plus loin des obus encore plus lourds.

Si on y ajoute le fait que le canon et sa plateforme ferroviaire affichent également près de 300 tonnes sur la bascule, on peut considérer que la France va bientôt disposer du plus gros et du plus puissant canon du monde.
Hélas, et en dépit de la priorité qui lui est accordée, l'étude, la mise au point et la fabrication de ces monstres - fort peu poétiquement baptisés "520 modèle 1916" - s'avèrent beaucoup plus coûteuses, beaucoup plus pénibles et beaucoup plus longues que prévu, en sorte que le premier exemplaire ne peut être livré qu'en novembre 1917, et le second en mars 1918.
E
ncore faut-il à présent les tester, ce qui est fait au cours des mois suivants. Hélas, en juillet, le canon numéro 1, qui participe à des essais en Bretagne, est pulvérisé dès le cinquième tir par un obus qui explose à l'intérieur du tube.

Quatre mois plus tard, c'est au tour de l'armistice de briser les rêves de gloire des artilleurs français, en sorte que la guerre se termine sans qu'un seul de ces canons géants soi-disant indispensables ait eu le temps d'entrer en service.

Devenu allemand, l'obusier géant prend alors le chemin de l'URSS à la fin de l'automne 1941, afin de soutenir l'offensive allemande sur Leningrad. Mais le 5 janvier 1942, une nouvelle explosion prématurée d'un obus à l'intérieur du tube met un terme définitif à la longue et pitoyable carrière du plus gros canon français de tous les temps...
1 commentaire:
cette course aux armements entre France et Allemagne figure déjà dans...Jules Verne (les 500 Millions de la Bégum) en profitant d'un fabuleux héritage, un ingénieur français construit une cité idéale dans un coin des états unis tandis que le second héritier , un allemand crée juste à côté une aciérie modèle ...et une fabrique de canons avec des obus asphyxiants (déjà la guerre des gaz), la guerre entre les deux villes manque d'éclater, mais Schultze, l'allemand qui a tout du blofeld de James Bond est victime de sa propre invention et finit asphyxié dans son laboratoire étanche qui devient son tombeau....mélo à souhait.
Le livre date de 1879 (en plein esprit de revanche de la guerre de 1870) mais Jules Verne n'a pas tant que çà forcé son génie anticipateur...la "revanche" était une idée qui était dans toutes les têtes en France après la fin du second empire.
Publier un commentaire