dimanche 26 avril 2009

2240 - train d'enfer

... revenons à présent sur la terre ferme, et plus exactement aux États-Unis, où vient de se terminer une Guerre de Sécession dans laquelle les deux camps ont largement fait appel au chemin de fer pour transporter leurs lourds canons de siège, comme le mortier "Dictator" de 8 tonnes.

Dans les décennies qui vont suivre, et tant aux États-Unis qu'en Europe, le chemin de fer va constituer la meilleure - et souvent la seule - manière de déplacer rapidement les plus gros canons d'un endroit à un autre et jusqu'au champ de bataille.

Avec le chemin de fer, les limites de l'Artillerie terrestre vont se retrouver propulsées à des hauteurs insoupçonnées.

Grâce à lui, transporter et mettre en œuvre des canons pesant des dizaines et bientôt des centaines de tonnes ne représente plus un défi insurmontable.

Et lorsque la résistance des ponts, la hauteur des tunnels, l'écartement des rails, ou encore le rayon de courbure des voies tyrannisent l'imagination débridée des ingénieurs, il leur suffit alors d'imaginer un canon démontable, dont tous les éléments peuvent être transportés séparément par train, jusqu'au site où on l'on procédera à leur réassemblage.

Encore faut-il, évidemment, qu'il existe une voie de chemin de fer à proximité de l'endroit où l'on souhaite mener bataille !

Si cette prémisse n'est pas remplie, on peut certes tenter de prolonger une voie existante, voire même en construire une de toute pièce, mais une telle démarche coûte cher, prend énormément de temps, et n'a donc de sens que dans l'hypothèse d'un Front statique - comme celui de la Première Guerre mondiale - où les positions des uns et des autres demeurent figées pendant des semaines ou même des mois.

Conscients de cette contrainte, mais plus que jamais fascinés par le gigantisme, les militaires ne vont dès lors cesser de réclamer une alternative aux ingénieurs, c.-à-d. la possibilité de transporter le canon géant par la route, au moins sur la dernière partie du parcours.

Une exigence qui, on s'en doute, va coûter énormément d'argent et s'avérer tout sauf facile à satisfaire...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
compliments pour ce blog..
A signaler pour l'anecdote un succès tardif des mortiers français Schneider 1914 (calibre 280mm)
En 1940 juste avant l'armistice, l'armée italienne passa à l'offensive dans les alpes et utilisa l'invraisemblable "cuirassé des nuages" un groupe de 8 canons de 150 mm sur tourelle perchés en haut du mont Chaberton , juste à côté de la ville de Briançon protégée par la "Ligne Maginot des Alpes"...en pleine débâcle les français firent cependant venir sur place des mortiers schneider 1914 tandis qu'une équipe de Polytechniciens calculaient en catastrophe des tables de tir spéciales (il s'agissait d'atteindre une cible située à plus de 3100 m d'altitude avec un tir en cloche,en passant par dessus les montagnes qui cachaient la cible, depuis des postes de tir situés 1500 M plus bas, un peu comme un tennisman effectuant un "lob") ...succès total les tourelles du fort Chaberton furent détruites les unes après les autres (il y eut 9 morts côté italien)...48 heures plus tard, c'était la capitulation française...

En 1945 , De Gaulle , qui avait le sens du détail pratique, annexa purement et simplement le mont Chaberton et fit déplacer la frontière au niveau du village piémontais de Clavière , en même temps qu'il annexait les bourgades de Tende et de Brigue, plus au sud...Son ministre des affaires étrangères, Georges Bidault, qui plaidait pour un rapprochement diplomatique avec l'Italie en fit, paraît il, une jaunisse....De nos jours la ferraille a été démontée, il ne reste que les tours de maçonnerie et les casemates à munition du fort, visitées par des alpinistes curieux , ainsi qu'une maquette du fort chaberton, trônant sur un rond point sur la route Briançon - Turin , juste avant Clavière...