... si les Nelson et Rodney (qui entrent en service à partir de 1927) disposent, tout comme leurs homologues américains et japonais, de pièces de 16 pouces (406mm), on ne peut pas dire que cet accroissement du calibre représente un progrès décisif par rapport aux 15 pouces (380mm) de la génération précédente.
Sur le papier, les 9 canons de 16 pouces du Nelson frappent certes quelques kilomètres plus loin que les 8 canons de 15 pouces du Queen Elizabeth, son aîné de 10 ans et, à chaque bordée complète, sont capables d'expédier 10 tonnes d'acier contre "seulement" 7 tonnes.
Mais en pratique, les résultats des uns et des autres diffèrent d'autant moins qu'il est virtuellement impossible, au combat, de toucher un navire ennemi à plus de 20 000 mètres, soit bien en deçà de la portée maximale théorique des uns et des autres.
Dans ces conditions, et par rapport au 15 pouces, le 16 pouces s'inscrit nettement dans la voie des rendements décroissants ce qui explique pourquoi, à la Conférence de Londres de 1935, les Britanniques proposent de l'enterrer au profit d'un calibre encore plus petit, soit 14 pouces (356mm) qui, comme il va bientôt le démontrer à bord des cuirassés de la classe King George V, est finalement tout aussi efficace que les 15 et 16 pouces
Les Français et les Italiens, qui tiennent mordicus à leurs 380mm, s'y opposent immédiatement. Les Américains seraient disposés à accepter... à la seule condition que tout le monde, et particulièrement les Japonais, en fasse autant.
Or les Japonais, justement, se sont déjà engagés, dans le plus grand secret, sur la voie qui va d'abord les mener à des canons de 18 pouces (406mm) et même 20 pouces (508mm), soit à des armes théoriquement capables d'expédier des projectiles de 1 500 et 1 800 kilos à plus de 40 kilomètres !
Dans l'esprit des Nippons, le gagnant sera nécessairement celui qui possèdera les canons les plus gros.
Mais, quelle que soit la justification qu'on lui donne, le passage de 16 à 18 pouces représente des défis techniques proprement ahurissants, à commencer par l'effet de souffle qui, mesuré à 15 mètres de la bouche du canon, passe de 3.5 à 7 kilo au centimètre carré alors que, chez un homme, une pression de 1 kilo au centimètre carré suffit déjà à provoquer la perte de connaissance !
1 commentaire:
Bonjour ! compliments pour la documentation..
le système des tourelles quadruples (les Rodney, King George V et les Strasbourg et Richelieu français) n'était pas sans inconvénients...l'espacement des canons était limité par la largeur de la barbette (le puits où tourne la tourelle), lui même limité par le maître bau (largeur maxi de la coque)...lui même limité par la dimension des cales de lancement, des écluses portuaires et des bassins de radoub...
Du coup c'était claustrophobie assurée pour les servants des canons, interférence entre les sillages des obus qui perdaient en précision de trajectoire...sans compter qu'en cas de coup adverse détériorant les galets du système de rotation c'était 4 canons en panne d'un seul coup.
Le bon côté de la médaille c'était d'augmenter le nombre des canons et la stabilité de la coque (pas besoin de surétager les tourelles) et d'en limiter la longueur, une donnée cruciale avec les limitations du Traité de Washington.
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