mercredi 22 avril 2009

2236 - l'inflation galopante

... en Amérique comme en Europe, les batailles de Hampton Roads (1862) (1) et Lissa (1866) (2) ont consacré la victoire de la cuirasse sur le canon.

Même si ce dernier va bientôt pouvoir compter sur de nouveaux et puissants obus à la fois explosifs et perforants, il n'a en vérité d'autre choix que de grossir s'il entend prendre sa revanche sur la cuirasse.

Là où le Monitor de 1862 se contente de deux pièces de 11 pouces (280mm) tirant des boulets pleins, l'Oregon de 1893 dispose déjà de 4 canons de 13 pouces (330mm) et de 8 de 8 pouces (203mm) tirant des obus explosifs.

En 1906, le Dreadnought britannique - premier cuirassé de l'ère moderne - possède 10 pièces de 12 pouces (305mm), soit une puissance de feu ahurissante mais qui n'est finalement que peu de choses en regard des 8 pièces de 15 pouces (380mm) qu'alignent les "Super-Dreadnought" (comme le Warspite), moins de dix ans plus tard.

Lorsque l'armistice de 1918 sonne provisoirement la fin du match, Américains et Japonais sont sur le point de lancer des cuirassés (comme le Colorado de 1921) dotés de pièces de 16 pouces (406mm) capables d'envoyer un obus de 1 200 kilos à près de 40 kilomètres.

Naturellement, cette croissance vertigineuse de la taille des canons et du poids des obus (un 406 est environ 300 kilos plus lourd qu'un 380, lui-même de 500 kilos plus lourd qu'un 305) ne va pas sans poser d'immenses problèmes mécaniques mais aussi financiers, que ce soit dans la manière d'assurer la rotation des tourelles, l'élévation des pièces, ou l'acheminement des obus depuis les soutes jusqu'aux canons.

A la Conférence de Washington de 1922, les Britanniques résolus à limiter l'escalade, parviennent à imposer une limitation du calibre des canons à 16 pouces maximum ainsi qu'une diminution du nombre de cuirassés en service dans toutes les marines du monde.

Le match est pourtant loin d'être terminé...

(1) Saviez-vous que...604 à 608
(2) Saviez-vous que... 609 à 611

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